Soixante-sept personnes ont été tuées dans une attaque de drone contre l'un des derniers hôpitaux en activité à El-Facher, une ville de la région soudanaise du Darfour assiégée par les paramilitaires, ont indiqué samedi une source médicale et des militants prodémocratie.
Le bombardement de l'Hôpital saoudien, qui a eu lieu vendredi soir, «a entraîné la destruction» du bâtiment accueillant les urgences, a déclaré à l'AFP la source médicale qui avait fait état dans un premier temps de 30 morts. «Trente-sept des blessés lors de l'attaque de drone d'hier sont décédés aujourd'hui, portant le nombre total de victimes à 67», a-t-elle indiqué sous couvert d'anonymat par crainte de représailles.
Elle a ajouté qu'un certain nombre de blessés étaient encore en train d'être soignés, sans pouvoir donner de chiffre exact. Le bilan des 67 morts a été confirmé par le Comité local de résistance, l'un des centaines de groupes de bénévoles prodémocratie créés à travers le pays pour coordonner l'aide sur le terrain.
Dizaines de milliers de morts
Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, et l'armée menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, les estimations allant de 20'000 à 150'000, la plupart des victimes n'étant pas recensées.
Les FSR contrôlent la quasi-totalité de la vaste région occidentale du Darfour et assiègent depuis mai El-Facher, métropole de deux millions d'habitants et capitale de l'Etat du Darfour-Nord. Mais des milices alliées à l'armée ont jusqu'à présent réussi à repousser leurs assauts répétés.
Les hôpitaux pris pour cible
Selon la source médicale, le même bâtiment de l'hôpital avait été touché «par un drone» des FSR «il y a quelques semaines». Les attaques contre les infrastructures de santé sont monnaie courante à El-Facher.
Médecins sans frontières a déclaré plus tôt en janvier que l'hôpital était «le seul hôpital public avec des équipements de chirurgie encore debout». Dans l'ensemble du pays, jusqu'à 80% des établissements de santé ont été mis hors service, d'après des données officielles.