Cette visite intervient un an jour pour jour après l'empoisonnement, attribué aux autorités russes, de l'opposant russe Alexeï Navalny. L'Allemagne a sauvé la vie du détracteur du Kremlin, qui se trouve actuellement en prison en Russie.
Après avoir déposé des fleurs sur la tombe du soldat inconnu à Moscou, la chancelière a été accueillie au Kremlin par M. Poutine, un bouquet à la main. «Même si nous avons de profonds différends, nous nous parlons et cela doit continuer ainsi», a relevé la chancelière allemande.
Soulignant qu'ils avaient «beaucoup à discuter»
Mme Merkel a cité la situation en Afghanistan, les liens bilatéraux, mais n'a pas évoqué le cas d'Alexeï Navalny lors de cet échange préliminaire. Une conférence de presse des deux dirigeants est attendue dans l'après-midi, après 15h00 suisses.
Vladimir Poutine a lui relevé que ce rendez-vous n'était pas «juste une visite d'adieu», mais une rencontre «sérieuse» entre ces vétérans de la vie politique européenne car «beaucoup de questions doivent être discutées».
Angela Merkel, la russophone qui a grandi en RDA, et Vladimir Poutine, germanophone car il servit le KGB en Allemagne de l'Est, se sont toujours targués d'avoir établi une vraie relation de travail.
Le cas d'Alexeï Navalny
Hormis l'Afghanistan et le cas d'Alexeï Navalny, les deux dirigeants devraient aussi évoquer les contentieux que sont l'espionnage, la répression au Bélarus et la guerre en Ukraine.
Au «jour anniversaire» de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny, cette visite de la chancelière allemande apparaît comme symbolique. Car après deux jours dans le coma dans un hôpital sibérien, c'est à Berlin que le militant anticorruption avait été transféré le 22 août 2020.
C'est là que son empoisonnement par un produit militaire soviétique, le Novitchok, a été diagnostiqué et soigné. Sauvé, il accusera le Kremlin et ses services de sécurité (FSB). Depuis, l'Occident, Berlin en tête, réclame des explications à Moscou, qui dément tout.
Christo Grozev, un auteur de Bellingcat, média d'investigation qui dit avoir identifié le commando du FSB chargé de l'empoisonnement, a ainsi estimé sur Twitter que la date de la visite de M. Merkel pourrait être soit un signe «d'apaisement» à l'égard de Moscou soit «une tentative sincère de mettre la pression sur Poutine».
Le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert avait souligné mercredi que l'affaire Navalny «pèse lourdement sur la relation avec la Russie» car il «est injustement emprisonné». Le président français Emmanuel Macron est allé dans ce sens, demandant au téléphone jeudi à M. Poutine la libération d'Alexeï Navalny.
En guise d'accueil pour Mme Merkel, la diplomatie russe s'est fendue mercredi d'un long communiqué, accusant Berlin et ses alliés de se servir de l'affaire Navalny pour «attaquer» Moscou et s'ingérer dans les législatives prévues en septembre.
L'opposant a lui remercié vendredi depuis sa prison, dans un message sur les réseaux sociaux, tous ceux qui lui ont sauvé la vie et affirmé qu'il poursuivrait son combat. «J'ai une deuxième chance de vivre et de prendre toutes les décisions que j'estime justes et honnêtes», a-t-il écrit.
Une dernière fois avec Merkel et Vladimir Poutine
Autre sujet brûlant pour cette dernière rencontre Merkel-Poutine: l'Ukraine. Mme Merkel tente avec la France de négocier avec Moscou une solution au conflit séparatiste prorusse qui déchire l'Est du pays depuis 2014, déclenché dans la foulée de l'annexion russe de la Crimée. Mais le processus est dans l'impasse. La chancelière est d'ailleurs attendue dimanche à Kiev.
Mais derrière les sujets qui fâchent, Angela Merkel a aussi des points de convergence avec la Russie de M. Poutine. Les deux vétérans ont ainsi imposé au final aux Etats-Unis, à des Européens méfiants et à l'Ukraine un gazoduc sous-marin, Nord-Stream 2 qui va accroître l'alimentation en gaz russe de l'Allemagne et de l'Europe pour les décennies à venir.
(ATS)