Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a récemment mis le monde riche face à ses responsabilités. Les vaccins de rappel pour les personnes en bonne santé devraient être immédiatement arrêtés, car les pays pauvres attendent toujours leurs premières doses. Le rappel, s’est indigné le chef de l’OMS, est «un scandale qui doit cesser immédiatement».
Le chef de l’OMS pense tout d’abord à l’Afrique, qui est très en retard sur le reste du monde en matière de vaccination. Pourtant, les craintes de l’OMS et des épidémiologistes ne se semblent pas se réaliser: le coronavirus ne fait pas des ravages incontrôlés sur le continent africain.
Le cas particulier de l’Afrique
Un coup d’œil sur cette carte montre certes qu’une grande partie des pays d’Afrique attend toujours les premières doses. Mais les nombres des nouvelles infections et des décès sont faibles en comparaison au reste du monde.
Un autre coup d’œil sur la carte de l’université Johns-Hopkins montre clairement où sévit actuellement la pandémie (en rouge). Le continent africain n’est que peu concerné.
Or, il faut tenir compte de certaines données. Il y a notamment moins de tests en Afrique et les ressources sur le continent sont limitées pour détecter le virus. Les infrastructures de dépistage ne sont en effet pas aussi bien développées que dans le monde occidental, ce qui explique que de nombreuses personnes sans symptômes ne soient pas identifiées.
Le facteur de l’âge
L’une des raisons invoquées pour expliquer la résistance accrue de l’Afrique au virus est l’âge moyen sur le continent. Il est de 18 ans. Or, les décès dus au Covid touchent principalement des personnes âgées. A titre de comparaison, l’âge moyen en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Asie se situe entre 32 et 42,5 ans.
Antécédents médicaux et protection immunitaire
Les populations des pays d’Afrique ont de meilleures dispositions qu’en Occident. Les maladies chroniques telles que l’hypertension, le diabète et l’obésité, qui augmentent le risque de complications liées au coronavirus, sont moins répandues.
«L’épidémie mondiale de Sars-CoV-2 a clairement démontré que les maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète de type 2 sont des facteurs de risque connus pour le Covid-19 sévère et la mort», avance John Nkengasong, chef des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), dans la revue scientifique «Nature».
Le virologue souligne que les maladies infectieuses telles que le VIH, la tuberculose, le paludisme ainsi que d’autres agents pathogènes sont très répandus en Afrique et pourraient «influencer la fonction et l’activation immunitaires de manière connue». «Cela peut à son tour influencer la réponse immunitaire au Covid-19», a déclaré John Nkengasong. Cependant, il n’existe actuellement que peu d’informations sur ce processus.
Établissements de soins
Mais il y a aussi d’autres raisons pour lesquelles l’Afrique est relativement épargnée par le Covid. Des mesures telles que le port du masque et la fermeture des frontières ont été rapidement adoptées sur le continent.
De plus, il n’y a pratiquement pas d’établissements de soins ou de maisons de retraite dans une grande partie de l’Afrique. La plupart des personnes âgées d’Afrique subsaharienne sont prises en charge par leur famille. Lors de la première vague de la pandémie en particulier, la plupart des décès dus au Covid en Occident ont eu lieu dans des maisons de retraite ou de soins.
Enfin, le degré d’urbanisation plus faible de l’Afrique et le fait que de nombreux aspects de la vie quotidienne se déroulent à l’extérieur réduisent également le risque de formation de clusters. L’Afrique du Sud, troisième économie du continent, est justement la plus durement touchée par la pandémie. L’âge moyen en Afrique du Sud est également plus élevé que dans le reste du continent.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)