L'Ukraine en toile de fond
Les Estoniens élisent leur nouveau Parlement

Les Estoniens se rendent aux urnes dimanche pour élire leur nouveau Parlement dans un scrutin qui pourrait renforcer les nationalistes d'extrême droite. Un parti qui a fait campagne sur l'opposition à de nouvelles livraisons d'armes à l'Ukraine.
Publié: 05.03.2023 à 09:29 heures
«Nous prônons un pays ouvert, amical, à l'occidentale, européen, intelligent», a déclaré la première ministre Kaja Kallas, parlant du programme politique de son parti.
Photo: VALDA KALNINA

Le Parti de la réforme (centre-droit) de la Première ministre Kaja Kallas devrait remporter ce scrutin, selon la plupart des sondages publiés cette semaine, mais il devra probablement former une coalition pour rester au pouvoir.

Selon ces sondages, il obtiendrait entre 24% et 30% des voix, alors que le parti d’extrême droite EKRE est crédité de 14% à 25% des suffrages. En 2019, EKRE avait rassemblé 17,8% des votes. Le Parti du centre obtiendrait entre 16% et 19%, Estonie 200 (libéral) de 9% à 15%, les sociaux-démocrates de 8% à 11,5% et Isamaa (centre-droit) de 7% à 9%.

L’Estonie, pays de 1,3 million d’habitants limitrophe de la Russie, dispose d’un parlement monocaméral de 101 sièges, tous en jeu dans le vote de dimanche. Le pays balte, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, a pris la tête des appels internationaux lancés l’année dernière en faveur d’une aide militaire accrue à l’Ukraine face à l’invasion de la Russie.

Aide à l’Ukraine

L’aide militaire estonienne à l’Ukraine représente actuellement plus de 1% de son PIB, soit la contribution la plus importante de tous les pays par rapport à la taille de leur économie. «Nous prônons un pays ouvert, amical, à l’occidentale, européen, intelligent», a déclaré Kaja Kallas à l’AFP parlant du programme politique de son parti, dans une interview la semaine dernière. «Mon plus grand concurrent pense que nous ne devrions pas aider l’Ukraine, nous ne devrions pas soutenir l’Ukraine, que nous devrions seulement chercher notre intérêt personnel», a-t-elle ajouté.

Selon le dirigeant d’EKRE, Martin Helme, l’Estonie ne devrait «pas aggraver davantage les tensions» avec Moscou. EKRE a fait campagne contre une aide militaire supplémentaire à Kiev et a appelé à ne plus accepter de réfugiés ukrainiens et à réduire l’immigration pour protéger les travailleurs estoniens.

Les élections se déroulent également sur fond de situation économique difficile en Estonie, qui affiche l’un des taux d’inflation les plus élevés de l’UE, avec 18,6% sur un an enregistré en janvier. Le Parti du centre, traditionnellement populaire auprès de l’importante minorité russophone d’Estonie, a soutenu la politique du gouvernement à l’égard de l’Ukraine et la Russie. Cela a rebuté certains électeurs russophones, ce qui pourrait conduire à une forte abstention parmi cette minorité, représentant un quart de la population estonienne.

Alliance possible

Le Parti de la réforme est un groupement libéral de centre-droit, qui fait le plein en général parmi les entrepreneurs et les jeunes travailleurs. Il promet de porter les dépenses militaires à au moins 3% du PIB, d’alléger la fiscalité des entreprises et veut faire passer une loi approuvant les partenariats civils entre personnes de même sexe.

Le Parti du centre, de centre-gauche, promet lui d’investir davantage dans les infrastructures et les logements abordables. Selon les analystes, une alliance entre le Parti de la réforme, Estonie 200 et les sociaux-démocrates est possible, tout comme celle entre Réforme, Centre et Isamaa. Les chances d’EKRE d’entrer au gouvernement sont elles jugées modestes.

Les bureaux de vote ferment à 20h00 (19h00 heure suisse). Les résultats du scrutin sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.

(ATS)

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