L'étau se resserre
Les enquêteurs recommandent d'inculper le président sud-coréen pour rébellion

Les enquêteurs ont recommandé jeudi que le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions, soit inculpé pour rébellion et abus de pouvoir. Ils ont remis leurs conclusions au parquet sur sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
Publié: 06:21 heures
Yoon Suk-yeol est accusé d'avoir fait vaciller la jeune démocratie sud-coréenne en déclarant par surprise la loi martiale le 3 décembre, dans un coup de force qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire (archives).
Photo: KIM HONG-JI / POOL
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Au terme de 51 jours d'enquête sur ce coup de force, le bureau d'enquête sur la corruption (CIO), l'agence anticorruption, qui centralise les investigations criminelles sur Yoon Suk Yeol, demande «d'engager des poursuites contre le président en exercice, Yoon Suk-yeol, dans le cadre d'allégations portant notamment sur la conduite d'une rébellion». Les enquêteurs ont remis leurs conclusions au parquet qui a désormais onze jours pour décider de lancer ou non des poursuites pour inculper le président. La rébellion est un crime passible de la peine de mort.

Le 3 décembre, le dirigeant conservateur a sidéré la Corée du Sud en imposant soudainement la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler. Il a fait marche arrière quelques heures plus tard, à la suite d'un vote des députés réunis en urgence et sous la pression de manifestants.

Placé en détention

Onze jours plus tard, Yoon Suk Yeol s'est vu confisquer le pouvoir par le Parlement, qui a adopté une motion de destitution contre lui, désormais examinée par la cour constitutionnelle. Après avoir résisté à une première descente sur mandat des autorités, Yoon Suk Yeol a été arrêté et placé en détention le 15 janvier. C'est un fait sans précédent pour un chef de l'Etat sud-coréen titulaire, qu'il reste officiellement jusqu'à la décision de la cour constitutionnelle.

Dans les conclusions de son enquête, le CIO a indiqué que Yoon Suk Yeol avait «abusé de son autorité obligeant les policiers de l'unité de garde de l'Assemblée nationale et les forces de la loi martiale à accomplir des tâches qui dépassaient leurs obligations».

Dans la nuit du 3 décembre, Yoon Suk Yeol aurait ordonné à l'armée de prendre d'assaut le Parlement et d'empêcher les députés de voter une résolution demandant la levée de la loi martiale. Selon les enquêteurs sud-coréens, Yoon Suk Yeol a également «entravé l'exercice du droit des législateurs à exiger la levée de la loi martiale».

Se «battre jusqu'au bout»

Yoon Suk Yeol, lui, dément avoir ordonné à l'armée de «faire sortir» les députés du Parlement pour les empêcher de voter contre la loi martiale. Son équipe juridique tente de défendre l'idée, selon laquelle, la déclaration de la loi martiale était nécessaire face à une fraude électorale, l'opposition ayant remporté haut la main le scrutin législatif d'avril 2024, avec à la clef une majorité écrasante au Parlement.

En détention provisoire, Yoon Suk Yeol ne reconnaît pas la légalité de l'enquête criminelle. Il a promis de se «battre jusqu'au bout», haranguant ses soutiens par le biais de lettres transmises via ses avocats.

De son côté, la cour constitutionnelle doit décider d'ici à la mi-juin si elle confirme la destitution du dirigeant conservateur ou si elle le rétablit dans ses fonctions. En cas de destitution, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours.

La crise qui se prolonge a poussé la banque centrale à abaisser lundi ses prévisions de croissance économique pour 2025, à 1,6-1,7%. Au quatrième trimestre 2024 déjà, la croissance du PIB de la quatrième économie d'Asie a ralenti à 0,1%, son taux le plus faible de l'année.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la