«Les soldats sont épuisés»
Kiev refuse une loi visant à améliorer la situation des soldats ukrainiens

Une nouvelle loi aurait dû entretenir l'espoir des soldats ukrainiens de pouvoir quitter le front. Mais le Parlement s'est finalement opposé à son introduction. Cette décision arrive au pire moment pour l'Ukraine, alors que la situation militaire semble se dégrader.
Publié: 12.04.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 12.04.2024 à 06:42 heures
De nombreux soldats ukrainiens sont épuisés après plus de deux ans de service militaire.
Photo: Getty Images
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Samuel Schumacher

Augmentation de la pression russe sur toute la ligne de front, aides militaires bloquées et dépôts de munitions bientôt vides: 777 jours après le début de l'attaque brutale lancée par Vladimir Poutine, l'Ukraine a déjà bien assez de problèmes en soi.

Mais désormais, les soldats ukrainiens peuvent également en vouloir à leur propre Parlement. Ce dernier a pris mercredi une décision qui fait s'envoler les derniers espoirs de ces combattants épuisés.

Les politiques de la capitale ont supprimé mercredi un passage d'une nouvelle loi militaire qui aurait permis aux soldats ukrainiens de rentrer chez eux après 36 mois de service militaire. Cette perspective de retour à la maison pour retrouver sa famille était, pour beaucoup de soldats, une motivation supplémentaire pour se battre.

Mais trois ans dans l'enfer de la guerre ne suffisent apparemment pas aux parlementaires du pays. Au lieu de cela, les combattants ukrainiens doivent dorénavant faire leur service pour une durée indéterminée. En coulisses, le ministère ukrainien de la Défense avait insisté sur la suppression de la limitation dans le temps, car il ne pouvait tout simplement pas se permettre de réduire encore les ressources humaines déjà limitées.

«Nous sommes à leur merci»

Un coup dur pour les centaines de milliers d'hommes et près de 65'000 femmes qui combattent au sud et à l'est du pays et qui montent la garde dans le nord. «Les combattants sont épuisés et fatigués moralement. Tu le vois quand tu les regardes dans les yeux», raconte l'expert militaire ukrainien Yevhen Semekjin à Blick. «Ils font ce qu'ils peuvent dans cette situation désespérée. À Robotyne, dans le sud du pays, par exemple, même des commandants de bataillon se battent désormais directement sur le front, alors qu'ils devraient commander des centaines de soldats depuis leur poste.»

Igor, commandant d'une compagnie d'ingénieurs près de la ville occupée d'Avdiïvka, construit avec ses hommes 24 heures sur 24 de nouveaux fossés de défense pour stopper l'avancée des Russes. Interrogé par Blick, il déclare: «Toutes les 30 minutes, un nouveau drone russe arrive. Nous ne pouvons plus bouger sans être immédiatement repérés. Hier, ils ont abattu une de nos pelleteuses, aujourd'hui un camion. Nous sommes à leur merci et ne pouvons même pas riposter.»

La situation est aussi grave qu'Igor la perçoit. Christopher Cavoli, commandant de l'OTAN en Europe, a déclaré au «Washington Post» que d'ici à quelques semaines, les Russes auraient dix fois plus de munitions à leur disposition que les Ukrainiens. «Le camp qui ne peut pas riposter sera perdant. L'Ukraine n'aura bientôt plus de munitions ni de systèmes de défense antiaérienne.»

Les femmes doivent-elles désormais combler le vide?

Le ministère américain de la Défense confirme cette sombre situation actuelle: si les Etats-Unis ne débloquent pas rapidement les milliards prévus pour l'Ukraine, tous les efforts des deux dernières années auront été faits en vain.

Volodymyr Zelensky a lui-même souligné en début de semaine dans une interview que son pays pourrait perdre la guerre en l'absence d'une nouvelle aide rapide de l'Occident. Sur Telegram, le président ukrainien a notamment exigé la livraison rapide d'autres systèmes de défense antiaérienne Patriot, «afin d'éviter qu'ils doivent être déployés le long de tout le front est de l'OTAN».

La responsable des questions de genre pour les forces armées ukrainiennes, Oksana Grigorieva, a suscité l'émoi. Dans une interview accordée au journal britannique «The Times», elle a évoqué l'idée d'enrôler également des femmes dans le service militaire. «Notre constitution stipule que chaque Ukrainien a le devoir de protéger sa patrie. Il est donc normal que les femmes servent également», a déclaré Oksana Grigorieva.

La motivation des Ukrainiennes à s'enrôler dans l'armée ne devrait toutefois pas être très grande après la récente modification de la loi.

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