Les États-Unis en cible
Les tirs test des méga-missiles de la Corée du Nord sont-ils une menace?

En l'espace de quelques heures, la Corée du Nord a testé plusieurs missiles. Qu'est-ce que cela signifie? Un expert fait le point.
Publié: 18.12.2023 à 19:51 heures
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Lee Seung-oh, chef de l'armée sud-coréenne, a donné des informations sur ces événements ce lundi.
Photo: keystone-sda.ch
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Sven Ziegler

La Corée du Nord a une nouvelle fois testé un missile balistique à longue portée. Après avoir tiré un missile à courte portée dans la mer du Japon dimanche matin, heure suisse, l'armée du dictateur Kim Jong-un a fait de même quelques heures plus tard avec un projectile à longue portée. 

Celui-ci «a décollé avec un angle de tir prononcé et est tombé dans la mer après un vol d'environ 1000 kilomètres», a fait savoir lundi l'état-major sud-coréen.

Selon des responsables du gouvernement japonais, le missile intercontinental aurait eu le potentiel de parcourir plus de 15'000 kilomètres. Ce dernier aurait ainsi pu atteindre le continent américain.

La Corée du Nord possède de nombreux modèles de missiles différents pour les courtes, moyennes et longues distances. Le pays a également fait la une des journaux en septembre lorsqu'il a mis à l'eau un sous-marin nucléaire. Alors que la population souffre de la faim, le dictateur Kim consacre une grande partie de son budget à la défense.

On ne sait toujours pas quel modèle de missile a été lancé ce week-end. Toutefois, la Corée du Nord a déjà testé au printemps le nouveau Hwasong-18. Kim Jong Un et sa fille Kim Ju Ae ont posé publiquement en avril devant ce missile, qui peut également être équipé d'ogives nucléaires. Il s'agit du premier missile intercontinental à combustible solide de la Corée du Nord qui, contrairement aux missiles à combustible liquide, est prêt à être opérationnel bien plus rapidement et peut également être mieux dissimulé aux systèmes de reconnaissance ennemis.

La Corée du Nord se sent provoquée

Quelques minutes seulement après le lancement, le ministère de la Défense nord-coréen a accusé «les voyous des États-Unis et de la Corée du Sud» d'action militaire imprudente. En fait, la Corée du Nord s'est probablement sentie provoquée et a donc procédé à des tests de missiles, explique à Blick Rüdiger Frank, spécialiste de la Corée du Nord à l'Université de Vienne. 

«La Corée du Sud vient de conclure un nouvel accord de coopération nucléaire plus étroite avec le Pentagone, après que l'alliance tripartite États-Unis-Japon-Corée du Sud a déjà intensifié à plusieurs reprises cette année sa coopération contre la Corée du Nord. Face à ces activités jugées provocatrices et hostiles, Pyongyang veut montrer sa force», analyse l'expert.

La Corée du Sud aurait par ailleurs dénoncé une partie de l'accord militaire conclu avec la Corée du Nord. Celui-ci prévoyait notamment un désarmement militaire partiel. La Corée du Nord a alors réagi en renonçant à l'ensemble de l'accord. «Ces paroles doivent maintenant être suivies d'actes», poursuit Rüdiger Frank. En outre, une grande réunion du parti avec la participation de Kim Jong-un est prévue fin décembre en Corée du Nord. «Pour cela, il faut des succès présentables.»

Risque d'attaque plutôt faible

Les sanctions et les résolutions de l'ONU, qui interdisent en fait à la Corée du Nord de procéder à de tels tests, ne sont d'aucune utilité, estime le spécialiste. L'expérience montre que la Corée du Nord ne se soucie guère de telles résolutions. 

Rüdiger Frank estime toutefois que le risque d'une attaque réelle est plutôt faible. On ne peut certes rien exclure, mais le programme d'armement nucléaire de la Corée du Nord est en principe «clairement défensif». «Kim Jong-un sait qu'une guerre conduirait à sa destruction», continue le spécialiste de la Corée du Nord. «Si nous n'attaquons pas la Corée du Nord, une attaque nucléaire de la Corée du Nord contre nous est très improbable.»

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