Le Premier ministre britannique respire... un peu
Partygate: pas de nouvelle amende pour Boris Johnson

La police de Londres a bouclé son enquête sur le scandale des fêtes organisées à Downing Street, résidence du Premier ministre britannique, malgré les confinements liés à la pandémie. Elle épargne une nouvelle amende à Boris Johnson. Mais le Partygate n'est pas terminé.
Publié: 19.05.2022 à 19:09 heures
Boris Johnson a exclu de démissionner, face aux appels répétés de l'opposition en ce sens.
Photo: Alastair Grant

S'il en a désormais fini avec le volet policier de cette affaire qui le poursuit depuis des mois, Boris Johnson est loin d'en être débarrassé. Il va devoir prochainement faire face à la publication à haut risque d'un rapport interne et est sous le coup d'une enquête parlementaire.

Peu après l'annonce jeudi de la conclusion de l'enquête par la police de Londres, un porte-parole de Boris Johnson a affirmé que celle-ci a «confirmé qu'elle n'engageait aucune nouvelle action» contre lui.

Boris Johnson avait été sanctionné par une amende - de 50 livres sterling (environ 60 francs) selon les médias britanniques - pour sa présence à un pot surprise pour son 56e anniversaire, en juin 2020. Son ministre des Finances, Rishi Sunak, et son épouse avaient connu le même sort.

Des excuses, pas de démission

Le Premier ministre britannique avait alors présenté ses excuses «sans réserves» devant le Parlement après avoir reçu l'amende et exclu de démissionner, face aux appels répétés de l'opposition en ce sens.

Le dirigeant conservateur avait affirmé qu'il ne lui était «pas venu à l'esprit, à l'époque ni par la suite», que sa participation au bref rassemblement pour son anniversaire «pouvait constituer une violation des règles» en vigueur.

Le suspense subsistait depuis pour savoir s'il serait sanctionné pour sa présence à d'autres événements visés par l'enquête de Scotland Yard.

Dans un communiqué jeudi, la police de Londres a annoncé que ses investigations, désormais achevées, se sont soldées par un total de 126 amendes, correspondant à huit dates différentes, allant du 20 mai 2020 au 16 avril 2021.

Mobilisant notamment douze enquêteurs à temps plein, l'opération a coûté 460'000 livres sterling (542'000 euros), a précisé Scotland Yard.

Un montant qui a choqué l'association Bereaved Families for Justice, pour qui le montant nécessaire à mettre au jour les violations des règles à Downing Street ne représente pas moins qu'une «terrible insulte pour ceux qui ont perdu des proches» à cause du Covid, qui a fait plus de 177'000 morts au Royaume-Uni.

«Des violations de la loi à une échelle industrielle»

Les enquêteurs ont examiné 345 documents, 510 photos et images de vidéosurveillance et épluché 204 questionnaires, dans cette enquête ouverte après une succession de révélations sur l'organisation de fêtes dans les cercles du pouvoir quand les Britanniques devaient consentir de nombreux sacrifices pour lutter contre la pandémie.

Certaines de personnes sanctionnées ont reçu plus d'une amende, a précisé la police dans un communiqué.

L'enquête policière a mis en évidence «des violations de la loi à une échelle industrielle», a réagi sur Sky News le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, réitérant «bien sûr» son appel à ce que Boris Johnson démissionne. Le Premier ministre est «responsable de la culture» régnant à Downing Street, a-t-il dénoncé, appelant à présent la publication intégrale d'une enquête interne.

Rapport attendu, enquête parlementaire en vue

La fin de l'enquête de police laisse désormais la voie libre à la publication, potentiellement dès la semaine prochaine selon les médias britanniques, du rapport intégral de la haute fonctionnaire Sue Gray.

Un rapport préalable, considérablement expurgé pour ne pas interférer avec l'enquête de police, donnait néanmoins un avant-goût cinglant, en dénonçant entre autres des «erreurs de commandement et de jugement».

La publication de ce rapport permettra ensuite à une nouvelle enquête, parlementaire cette fois, de démarrer. Elle visera à déterminer si Boris Johnson a sciemment trompé les députés dans cette affaire, en affirmant à maintes reprises à la chambre des Communes que toutes les règles avaient été respectées. Le code ministériel prévoit qu'un ministre qui a de manière délibérée dupé le Parlement doit démissionner.

Lui-même accusé d'avoir violé les règles anti-Covid pour avoir partagé bières et curry avec son équipe dans des locaux de campagne en avril 2021, Keir Starmer a fait savoir il y a dix jours qu'il démissionnerait s'il était sanctionné par une amende. «Il n'y a eu aucune violation des règles de ma part ou de quiconque de mon équipe», a répété jeudi le chef de l'opposition. Il n'y a aucune comparaison.»

(ATS)

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