Le 15 août dernier, la Toile s'est enflammée à la suite de la sortie de la première bande-annonce officielle du film «Maestro». Dans ce biopic, la star hollywoodienne, Bradley Cooper joue le rôle du légendaire chef d'orchestre et compositeur juif Leonard Bernstein (1918-1990). L'interprète, qui n'est pas seulement l'acteur principal de «Maestro» mais aussi le réalisateur, s'est vu reprocher d'utiliser des clichés antisémites avec l'allongement artificiel de son nez. Aujourd'hui, le faux nez de la star suscite des débats enflammés sur les réseaux sociaux.
«Le vrai Leonard Bernstein n'avait pas un nez aussi bizarre que celui de Bradley», s'énerve un utilisateur sur Instagram. Un autre ajoute qu' «il n'y a aucune raison pour la star hollywoodienne d'ajuster visuellement son visage», puisque «son propre nez est déjà long de toute façon!» Bradley Cooper est «l'équivalent du blackfacing», affirme un autre internaute. Il est inacceptable qu'un acteur non juif incarne un personnage juif de l'histoire contemporaine. Après tout, il y a suffisamment de «grands acteurs juifs» à Hollywood. Le débat sur la «Jewface» présente depuis longtemps à Hollywood des similitudes avec le discours sur le «blackfacing», la représentation de personnes noires par des acteurs blancs maquillés en conséquence.
Un débat «ridicule»
Comment se positionne un expert à propos de ce débat? «Je trouve l'agitation autour de Bradley Cooper et de sa représentation du personnage exagérée», déclare Michel Rappaport, directeur du festival du film juif Yesh! à Zürich. «Si seuls des acteurs juifs peuvent représenter d'autres personnes juives, alors le wokisme va définitivement trop loin. Le cinéma consiste aussi pour les acteurs à se mettre dans la peau d'autres personnes avec lesquelles ils n'ont souvent pas grand-chose en commun.» Le fait de vouloir rendre le plus possible justice à l'apparence du personnage fait partie du métier d'artiste. «Je ne vois en outre aucune exagération flagrante du nez qui utiliserait des stéréotypes antisémites», affirme Michel Rappaport. «Toute cette agitation n'est peut-être rien d'autre qu'un coup de marketing bien ficelé, après tout, tout le monde parle maintenant du film.»
La fille de Leonard Bernstein, Jamie Bernstein, s'était déjà exprimée sur le sujet lors de la première vague de critiques l'année dernière. Dans un entretien avec le magazine «Kveller», elle a qualifié le débat de «ridicule». Son père avait un grand nez et c'est à Bradley Cooper de le «représenter de la manière la plus réaliste possible».