Alors que l’Ukraine déplore déjà de nombreuses pertes, la situation devrait encore s’aggraver dans les jours à venir. En effet, Vladimir Poutine risque bien d’intensifier la brutalité des opérations militaires dans le pays. Malgré tout, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN n’ont toujours pas l’intention d’intervenir en Ukraine. La raison: ils risqueraient une guerre avec la Russie, une puissance qui dispose d’un vaste arsenal nucléaire que Poutine a menacé d’utiliser.
Stratégie temporaire et solidarité occidentale
Certes, les moyens militaires russes pourraient permettre à la Russie de prendre le contrôle de toute l’Ukraine, à l’exception, peut-être, de l’ouest du pays. Toutefois, cette stratégie ne sera pas efficace sur le long terme. Si la Russie parvenait à mettre en place un gouvernement à Kiev, la forte résistance de la population ukrainienne obligerait les forces armées russes à rester sur place. La Russie devrait alors occuper l’Ukraine à plus ou moins long terme, ce qui pourrait entraîner une révolte. L’opposition à l’intérieur du pays pourrait alors menacer le maintien de Poutine au pouvoir. Sa chute est peu probable, mais pas impossible.
À noter que l’offensive contre l’Ukraine a largement favorisé l’unité à l’Ouest. Après les premiers bombardements, les pays occidentaux ont agi rapidement et ont imposé des sanctions économiques. Les marchés boursiers russes se sont effondrés et la valeur du rouble a chuté. L’Allemagne a abandonné le projet de gazoduc Nord Stream 2 et a voté pour la mise en œuvre d’un grand programme de réarmement. De son côté, la Suisse s’est ralliée aux sanctions de l’UE. Le peuple, lui, a également eu son rôle à jouer: en organisant des manifestations massives dans les grandes villes, les habitants de tout l’Occident ont envoyé un message clair et condamné l’attaque russe. Dans une confrontation qui promet d’être longue, une telle unité paraît essentielle.
La Chine devra prendre position
L’unité de l’Occident est nécessaire pour s’adresser non seulement à la Russie, mais aussi à la Chine – la superpuissance émergente qui a renforcé ses relations avec la Russie au cours des dernières années. En effet, les deux pays semblent soudés face à la toute-puissance américaine. Début février, Poutine et le président chinois, Xi Jinping, avaient d’ailleurs déclaré que leurs deux pays «ne connaissaient pas de frontières».
Malgré les avantages que la Chine tire de ses relations avec la Russie, il va sans dire que l’invasion russe et ses conséquences sont une source de préoccupation pour les dirigeants de Pékin. L’invasion a violé un principe important de la politique étrangère chinoise: le soutien de la souveraineté étatique et de l’intégrité territoriale. Pour le moment, la Chine s’est abstenue de soutenir officiellement l’invasion russe. Toutefois, le pays supporte Moscou en avançant que la politique occidentale, et l’élargissement de l’OTAN, sont les premiers responsables de cette crise.
En fournissant une aide économique à la Russie, la Chine pourrait néanmoins s’exposer à une condamnation mondiale et à des sanctions qui pourraient mettre à mal son économie. De quoi dissuader les dirigeants chinois de se montrer trop proches de la Russie.
Deux camps qui s’affrontent
La Chine pourrait donc en profiter pour prendre ses distances avec son grand voisin et tenter d’apaiser les tensions avec les États-Unis et d’autres pays. Si elle décide au contraire de renforcer ses relations le pays, la politique internationale risque d’imposer des tensions entre deux camps: l’un composé des États-Unis et de leurs alliés, et l’autre centré sur la Chine, avec la Russie comme principal allié.
(Adaptation par Valentina San Martin)