Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont été les premiers hommes à marcher sur la Lune. Le dernier alunissage habité à ce jour a eu lieu en décembre 1972. Cinquante ans plus tard, c'est la première fois que l'on tente à nouveau d'envoyer des hommes sur la Lune. Par rapport à l'époque des pionniers, l'exploration spatiale a bien changé. Alors qu'auparavant, les Etats-Unis et l'Union soviétique se livraient à une course aux armements, des pays comme la Chine et l'Inde ont entre-temps gagné en importance. De plus, les particuliers — comme le fondateur de Tesla, Elon Musk et son entreprise spatiale SpaceX — jouent un rôle de plus en plus important.
Avec le programme Artémis, l'agence spatiale américaine prévoit d'effectuer un nouvel alunissage habité entre 2026 et 2028. Lundi dernier, la première étape devait être lancée depuis la base spatiale américaine de Cap Canaveral. Mais en raison de problèmes techniques, le lancement de la NASA a été reporté.
Ce samedi, une nouvelle tentative a lieu: la NASA veut à nouveau faire décoller Artémis 1. La capsule Orion doit commencer son voyage dans l'espace à 14h17 (heure locale, 20h17 en Suisse). L'objectif d'Artémis 1 est de tester en conditions réelles le Space Launch System (SLS) et la capsule Orion à son sommet, dans laquelle voyagera ensuite l'équipage. Mais au lieu d'astronautes, ce sont cette fois des mannequins qui seront à bord.
Une aide particulière pour les vols habités
L'Union soviétique a été le premier pays à envoyer avec succès un homme dans l'espace: le 12 avril 1961, le cosmonaute Youri Gagarine a survolé le monde à bord de son vaisseau Vostok 1, au-dessus de l'altitude limite internationalement reconnue de 100 kilomètres. Les États-Unis ont même réussi à aller sur la Lune avec leur programme Apollo. En 1972, ce programme a été abandonné, notamment pour des raisons budgétaires. Par la suite, la NASA a souvent été tributaire d'une aide extérieure pour ses entreprises spatiales habitées. Ainsi, depuis l'arrêt du programme de la navette spatiale en 2011, les vols vers la Station spatiale internationale (ISS) ont été effectués par des fusées russes Soyouz.
La NASA ne peut pas non plus financer Artémis par ses propres moyens. «Les Etats-Unis sont certainement le leader international dans le domaine spatial, mais il faut bien sûr différencier dans quel domaine, nous confie l'expert Men J. Schmidt. Si l'on part du vol spatial habité, il faut constater que la NASA est aujourd'hui dépendante des capacités de SpaceX.»
Les astronautes doivent changer de fusées
L'étape Artémis 2, prévue pour 2024, doit d'abord placer des astronautes en orbite autour de la Lune. Un atterrissage sur le satellite terrestre n'est pas prévu à ce moment-là. Ce sera Artémis 3 qui devrait déposer des astronautes sur le pôle sud de la Lune — l'alunissage se fera à l'aide d'un module appartenant à Elon Musk. «En raison de la collaboration avec SpaceX, les astronautes de la NASA devront, lors de la mission Artémis 3, passer en orbite autour de la Lune avec le module lunaire, explique Men J. Schmidt. Il s'agit d'une fusée SpaceX de type Starship, qui a l'avantage d'être entièrement réutilisable et donc moins chère à exploiter. En revanche, les fusées Artémis ne sont pas une nouveauté, elles sont en principe identiques aux fusées Apollo utilisées lors des alunissages de la NASA dans les années 60 et 70.»
Les coûts par lancement de fusée s'élèvent à 4,1 milliards de dollars pour le programme Artémis. «En principe, l'alunissage prévu pourrait être réalisé uniquement avec les fusées d'Elon Musk, souligne Men J. Schmidt. Mais cela ne se fait pas pour des raisons de justification vis-à-vis du citoyen. Après tout, la NASA a investi des milliards de dollars des contribuables dans le projet Artémis.»
La Chine et la Russie forgent des plans communs
Selon Men J. Schmidt, les seuls projets qu'a la Russie en ce moment ne dépassent pas les vols vers l'ISS. Avec la Chine, il existe cependant un autre acteur étatique capable d'effectuer des vols spatiaux habités. Ces dernières années, l'Empire du Milieu a renforcé sa position dans l'espace. Avec Tiangong, le pays dispose de sa propre station spatiale en orbite autour de la Terre. Le rover martien chinois Zhurong a atterri avec succès sur la planète rouge en mai 2021. Chang'e 4 est la toute première sonde lunaire à explorer la face cachée de la Lune. Chang'e 5 a collecté des roches sur la Lune et les a ramenées sur Terre.
La Chine et la Russie ont annoncé l'année dernière leur intention de construire ensemble une «International Lunar Research Station». Le projet doit se composer d'une station spatiale en orbite autour de la Lune, d'une station à la surface de la Lune et de différentes sondes lunaires. Des astronautes devraient également être envoyés sur la Lune d'ici 2036 au plus tard.
L'Inde s'efforce également de se faire une place sur la Lune. En septembre 2019, la sonde spatiale indienne Chandrayaan-2 devait se poser sur la surface lunaire, mais elle s'est écrasée en raison d'une erreur de logiciel. Avec Chandrayaan-3, une nouvelle tentative devrait être lancée en 2023.
En collaboration avec le Japon, l'Inde veut explorer le pôle sud de la Lune dans les années à venir. Un vaisseau spatial destiné aux vols spatiaux habités est en cours de développement. La première mission avec des gaganautes (nom des astronautes indiens) à bord est prévue pour 2024.