Je t'aime, moi non plus
Joe Biden et Xi Jinping veulent éviter que leur rivalité ne «dégénère»

Le sommet tant attendu entre Joe Biden et Xi Jinping en Californie s'est achevé mercredi sur de «vrais progrès», selon le président américain. Il a indiqué vouloir «s'assurer que la rivalité ne dégénère pas en conflit».
Publié: 16.11.2023 à 07:11 heures
Les deux dirigeants ont passé quatre heures ensemble. Ils ont même fait une courte promenade!
Photo: DOUG MILLS

Joe Biden et Xi Jinping, renouant après un silence d'un an, ont passé au total quatre heures ensemble, entre réunion, déjeuner de travail et même une courte promenade, de quoi offrir à la presse une image d'apaisement.

Le président américain a accueilli son homologue chinois dans une opulente demeure nichée dans les collines californiennes – le domaine a servi, pour l'anecdote, de décor aux vénéneuses intrigues du feuilleton roi des années 1980, «Dynasty».

Les deux dirigeants ont fait de «vrais progrès» face aux «défis mondiaux», a assuré Joe Biden sur le réseau social X (anciennement Twitter). Le président américain avait appelé, dans un court propos introductif face à la presse au début de la réunion, à gérer la rivalité de manière «responsable».

Xi Jinping, qui a mis en garde contre les conséquences «insupportables» d'une confrontation, a lui estimé, selon une traduction en anglais, que la Chine et les Etats-Unis ne pouvaient pas se «tourner le dos».

«La planète est assez grande pour que nos deux pays prospèrent», a-t-il assuré, alors que Washington et Pékin se livrent une concurrence féroce, qu'elle soit économique, technologique, stratégique ou militaire.

Rondeurs et politesses sur fond de désamour réciproque

«Nos rencontres ont toujours été franches, directes et utiles», a assuré le démocrate de 80 ans, qui avait rencontré Xi Jinping plusieurs fois avant de devenir président, et qui se targue de particulièrement bien le cerner.

«Je crois fermement en un avenir prometteur pour la relation bilatérale», a dit Xi Jinping, tout en mettant en garde contre toute tentation, pour les Etats-Unis, de «remodeler» la Chine. Aucun communiqué conjoint n'est attendu à l'issue de la rencontre mais Joe Biden a prévu de donner plus de détails lors d'une conférence de presse.

Xi Jinping et Joe Biden se sont parlés pour la dernière fois il y a un an, en marge du sommet du G20 de Bali. Depuis, la relation bilatérale n'a cessé de se tendre, menaçant même de dérailler franchement avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d'année. Washington avait dénoncé une opération d'espionnage, ce que la Chine avait démenti.

En mars, le président chinois avait dénoncé une stratégie américaine d'"encerclement», alors que les Etats-Unis musclent leurs alliances en Asie-Pacifique et empilent les sanctions économiques sur la Chine. Le ton s'est toutefois suffisamment radouci à l'été pour permettre l'organisation du face-à-face californien.

Taïwan, un énorme point de tension

Joe Biden, en campagne pour un second mandat, et Xi Jinping, confronté à une situation économique et sociale dégradée en Chine, ont au fond intérêt à ce que la rivalité reste sous contrôle au fil d'une année 2024 potentiellement tumultueuse, avec des élections présidentielles aux Etats-Unis et à Taïwan. Le statut de l'île, dont Pékin revendique la souveraineté et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.

Joe Biden «dira clairement (...) que nous ne soutenons pas l'indépendance de Taïwan» et «que nous ne voulons pas que le statu quo change de manière unilatérale, et certainement pas par la force», a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

Washington demande aussi à la Chine, proche partenaire de l'Iran et de la Russie, de ne pas envenimer les grandes crises internationales: le conflit entre Israël et le Hamas ainsi que la guerre en Ukraine. Le président américain veut avant tout rétablir les communications militaires, suspendues depuis plus d'un an.

Un haut responsable américain a indiqué que les deux dirigeants pourraient décider mercredi d'"étapes préliminaires» en ce sens. Il a aussi souligné que Washington espérait sceller lors de la réunion des «progrès» dans la lutte contre le trafic de fentanyl. Ce puissant opiacé de synthèse produit avec des composés chimiques venus notamment de Chine cause des dizaines de milliers d'overdoses chaque année aux Etats-Unis.

(ATS)

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