L'analyse de Corporate Accountability affirme que des grands noms comme Disney, Volkswagen, ou encore Air France font partie des firmes qui investissent fortement dans des crédits carbone probablement sans valeur. Ces crédits, achetés auprès de projets environnementaux, sont censés contribuer à leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
«Ces tendances sont extrêmement préoccupantes», a estimé auprès de l'AFP Rachel Rose Jackson, responsable au sein de l'ONG. Selon elle, l'augmentation massive d'achats de crédits carbone semble faite «pour permettre une poursuite du greenwashing», des pratiques créant une fausse impression de mesures bonnes pour l'environnement.
Un instrument financier
Les crédits carbone sont des instruments financiers permettant aux entreprises et pays de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, par exemple via des projets visant à éviter la déforestation ou à installer des énergies renouvelables. Ce système représente environ 2 milliards de dollars au niveau mondial mais il a récemment fait l'objet de vives critiques, des études ayant montré que les réductions d'émissions annoncées étaient souvent largement surestimées, voire tout simplement inexistantes.
Une première analyse menée l'automne dernier par Corporate Accountability, en collaboration avec le journal Guardian, a montré que 39 des 50 principaux projets de compensation d'émissions étaient «probablement de pacotille». En ré-analysant les 50 principaux projets actuels, le nombre de ceux probablement sans valeur a augmenté à 42, malgré l'émergence de normes pour tenter de réformer le marché.
Sept projets ont été classés comme «potentiellement» sans valeur, et l'un d'eux manquait d'informations pour être analysé. Les acheteurs de ces crédits douteux faisaient partie de nombreux secteurs, pas seulement l'industrie des combustibles fossiles. Trente grandes entreprises, dont Shell, Nestlé et Boeing ont acheté de grandes quantités de crédits «notoirement» mauvais. «Il faudrait avoir sa tête dans le sable pour ne pas savoir que ces projets font l'objet d'un examen minutieux», selon Rachel Rose Jackson.
Le gouvernement du président américain Joe Biden a annoncé mardi des «garde-fous» destinés à garantir que les marchés des crédits carbone réduisent effectivement les émissions de CO2. Mais Rachel Rose Jackson reste sceptique: «même si c'est bien de lancer une série de nouveaux principes, il n'est pas prouvé qu'ils peuvent être concrètement appliqués».