Il n'avait que 13 ans
Marche blanche après le suicide d'un jeune Français victime d'homophobie

Quelque 550 personnes ont participé dimanche à Épinal dans les Vosges (France) à une marche blanche en hommage à Lucas, un mois après son suicide. L'adolescent de 13 ans était harcelé en raison de son homosexualité supposée et sa mort a suscité une vive émotion.
Publié: 05.02.2023 à 18:23 heures
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Quelque 550 personnes ont participé dimanche à Épinal dans les Vosges (France) à une marche blanche en hommage à Lucas, un mois après son suicide.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

La mère de l'adolescent, Séverine, 35 ans, a pris la tête du cortège qui s'est élancé sous un ciel gris vers 14h de la préfecture des Vosges. L'hommage a duré un peu moins d'une heure et s'est conclu par une minute de silence. «Merci à tout le monde d'être venu. Je ne sais pas quoi vous dire», a lancé Séverine à la fin de la manifestation. Extrêmement émue, elle a fondu en larmes en prononçant le prénom de son fils.

Dans un message finalement lu par la marraine de Lucas, la mère de famille a rendu hommage à son fils, qui était «comme un soleil» et qui est aujourd'hui «devenu notre petit ange». «Sa disparition nous bouleverse. Lucas était un garçon qui avait plein d'ambition et de rêves», il «aimait la musique, les balades en forêt, sa complicité avec son frère Donovan, cuisiner avec moi, dessiner pour rendre le monde plus joyeux, sa petite sœur Ava qu'il aimait de tout son cœur», a-t-elle poursuivi.

Chorégraphie sur une chanson d'Eddy de Pretto

Lucas avait une «passion pour la coiffure» et «voulait en faire son métier. Il était si pétillant», a-t-elle conclu. Le club de danse dont Lucas faisait partie lui a également rendu hommage en présentant des chorégraphies, dont l'une sur «Kid» d'Eddy de Pretto, un titre symbole de la communauté gay, arrachant des larmes à plusieurs participants.

Beaucoup de parents étaient présents avec leurs enfants, ainsi que des élèves du collège de Golbey, près d'Épinal, où était scolarisé Lucas. Beaucoup de participants tenaient un portrait de l'adolescent et avaient revêtu des t-shirts floqués à son effigie. Dans le cortège, Élodie, 42 ans, dont la fille «était amie avec Lucas. Ça a été très dur pour elle». «J'avais peur qu'elle fasse une bêtise, d'autant qu'elle aussi a été victime de harcèlement dans cet établissement», confie à l'AFP cette mère de trois enfants, tous scolarisés à Golbey et qui dit avoir retiré ses enfants du collège et avoir déménagé.

«Honorer la mémoire de cet enfant et s'en tenir là»

La mère de Lucas avait tenu à ce que cette marche soit strictement limitée à rendre hommage à son fils, sans signes distinctifs ou récupération politique. «L'idée est d'honorer la mémoire de cet enfant et de s'en tenir là», avait indiqué au début de la marche son avocate, Me Catherine Faivre.

Selon la mère de Lucas, c'est le harcèlement qui a été «l'élément déclencheur» du suicide de son fils. «Je suis désolée» de n'avoir «pas pu sauver Lucas. Personne n'a pu», avait confié Séverine, très émue, lors d'une conférence de presse lundi dans le cabinet de son avocate.

La justice s'est emparée de l'affaire

Lucas avait écrit dans son journal intime «un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours», avait indiqué le procureur de la République d'Épinal, Frédéric Nahon. Le suicide de l'adolescent avait provoqué une vive émotion et déclenché de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Identifiés par les enquêteurs, quatre collégiens, âgés de 13 ans comme Lucas, seront jugés au printemps pour l'avoir harcelé et poussé au suicide, avait indiqué fin janvier le procureur de la République d'Épinal, Frédéric Nahon. Il avait également ouvert une «enquête incidente contre X pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs» a également été ouverte.

(AFP)

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