Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à Paris contre un gala de soutien à Israël controversé, qui se tenait dans la soirée dans un lieu secret de la capitale française, à la veille d'un match de football France-Israël jugé à très haut risque.
La tenue d'"Israel is Forever», organisé par des personnalités franco-israéliennes d'extrême droite, a suscité un tollé en raison de la participation du ministre des Finances israélien Bezalel Smotrich, connu pour ses positions extrémistes.
Celui-ci devait initialement faire le déplacement en personne avant que son porte-parole évoque finalement une prise de parole à distance, sans tempérer l'ire des associations propalestiniennes, syndicats et partis de gauche français pour lesquels il incarne «la figure du sionisme religieux le plus fanatique» mais aussi le «racisme et (la) haine». «Smotrich assassin, Macron complice», ont ainsi scandé des manifestants à son encontre dans le cortège de 3000 personnes, selon la police, qui s'est dispersé place de la République.
«Libérez la Palestine»
Cette semaine, Bezalel Smotrich a promis une annexion en 2025 par Israël des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La France avait dénoncé en mars 2023 les propos «irresponsables» de ce ministre des Finances israélien qui avait alors nié l'existence des Palestiniens en tant qu'individus et en tant que peuple lors d'une soirée organisée par la même association à Paris.
Le ministère français des Affaires étrangères a de nouveau «condamné» mercredi les propos de ce ministre, les jugeant «contraires au droit international» et allant «à l'encontre des efforts visant une désescalade des tensions régionales».
Outre les slogans contre Bezalel Smotrich, les manifestants ont protesté plus généralement contre la politique menée par le gouvernement israélien à Gaza et en Cisjordanie occupée. «Libérez la Palestine», «Israël casse-toi, la Palestine n'est pas à toi», scandaient ainsi les manifestants.
Par crainte de débordements, des McDonald's - dont l'un a été ciblé par des manifestants qui ont endommagé sa vitrine - et un magasin Carrefour avaient baissé leurs rideaux de fer avec des clients à l'intérieur, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, interrogé sur la radio RTL, n'a pas interdit ce gala, estimant qu'il ne présentait pas de risques de troubles à l'ordre public «importants». Des journalistes de l'AFP n'avaient pas constaté de troubles peu après 20H00 GMT sur le lieu présumé du gala.
A la vieille d'une rencontre tendue
Ce gala se tient en outre à la veille de la rencontre de Ligue des nations de football entre la France et Israël prévue au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, considérée comme à «haut risque» par les autorités françaises après les attaques antisémites survenues la semaine dernière dans la capitale néerlandaise.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre après un match de la Ligue Europa, des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été pourchassés et battus dans les rues d'Amsterdam. Ces attaques, qualifiées d'antisémites notamment par Israël et les autorités néerlandaises, ont fait de 20 à 30 blessés et suscité l'indignation de nombreuses capitales occidentales.
Ces violences se sont produites dans un contexte de polarisation en Europe, avec une montée des actes antisémites, anti-israéliens et islamophobes depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza. Pour le match de jeudi soir, en présence du président Emmanuel Macron, les autorités françaises ont prévu un dispositif «extrêmement renforcé», «très inhabituel» pour un match de ce type.
Un total de 4000 policiers et gendarmes seront ainsi mobilisés, et, fait rare, dans le stade, ainsi que dans les transports en commun et dans Paris. Environ 1600 agents de sécurité seront au Stade de France et le RAID, l'unité d'élite de la police nationale, est engagé pour la sécurité de l'équipe d'Israël.
Les autorités israéliennes ont appelé dimanche les supporters à éviter de se rendre à Saint-Denis. Selon le Conseil de sécurité nationale israélien, «des organisations qui veulent s'en prendre à des Israéliens ont été identifiées dans un certain nombre de villes européennes», citant Bruxelles, les grandes villes britanniques, Amsterdam et Paris.