Samedi, la gendarmerie nationale a été informée de «la découverte d'ossements» correspondant à ceux «de l'enfant Emile Soleil», «à proximité du hameau du Vernet», a indiqué dans un court communiqué le procureur d'Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon dimanche.
C'est dans l'unique rue de ce hameau de 25 habitants, rattaché au village du Vernet, entre Digne-les-Bains et Gap, que le garçon avait été aperçu une dernière fois le 8 juillet.
«Si cette nouvelle déchirante était redoutée, l'heure est au deuil, au recueillement et à la prière», ont expliqué Marie et Colomban Soleil, par l'intermédiaire d'un communiqué transmis à l'AFP par leur avocat, Me Jérôme Triomphe, en précisant qu'«il n'y aura pas d'autres déclarations» de leur part.
Ils souhaitent maintenant que «les enquêteurs continuent leur travail dans le nécessaire secret de l'instruction, pour que puissent être découvertes les causes de la disparition et de la mort d'Emile».
Hameau bouclé
Pour cela, le hameau était une nouvelle fois coupé du monde dimanche, comme il l'a déjà été à plusieurs reprises depuis neuf mois, pour les besoins de l'enquête. Et il le restera jusqu'à dimanche, comme l'a décidé un arrêté municipal signé du maire François Balique.
Un barrage policier placé dès la sortie du Vernet, juste après l'église du village, barrait l'unique route vers le Haut-Vernet, situé deux kilomètres en amont, a constaté un journaliste de l'AFP.
A Pontoise, en banlieue parisienne, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) va poursuivre «les analyses criminalistiques sur les ossements», a expliqué le parquet d'Aix-en-Provence. Sur le terrain, une trentaine de gendarmes, dont des enquêteurs de la section de recherche de Marseille, ont été déployés, a précisé la gendarmerie.
Une partie du mystère a donc été levé dimanche après qu'une randonneuse a découvert la veille des ossements, dont le crâne de l'enfant, comme l'a confirmé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur LCI. Cette découverte a eu lieu «dans une zone en pleine nature, escarpée et pas toujours facile d'accès», a précisé sur BFMTV la porte-parole de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant.
Zone déjà inspectée
Celle-ci avait pourtant «déjà été inspectée plusieurs fois par une battue citoyenne et des enquêteurs de la gendarmerie», aidés notamment d'un hélicoptère équipé de caméras thermiques, a-t-elle précisé.
Les circonstances du décès restent encore à éclaircir et toutes les pistes sont encore ouvertes, a insisté Marie-Laure Pezant, selon qui «il y a la possibilité que ces ossements aient été amenés par une personne, par un animal, ou par des conditions météo qui ont pu modifier la zone».
Quand il a disparu, Emile venait d'arriver pour les vacances d'été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels. Deux voisins affirment l'avoir vu dans la rue principale du hameau, mais avec des récits contradictoires.
Le petit garçon y avait été aperçu vers 17h15 alors qu'il portait un haut jaune, un short blanc et des chaussures de randonnée. Ses parents, des catholiques très croyants habitant La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, n'étaient pas présents ce jour-là.
Une étape importante
Cette découverte d'ossements est une étape importante dans une enquête qui n'avait écarté aucune piste, même si la thèse de la chute mortelle avait semblé s'étioler à la suite des multiples battues infructueuses autour du hameau, situé à 1200 mètres d'altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés.
D'abord ouverte pour disparition inquiétante, à Digne-les-Bains, l'enquête avait rapidement été confiée à deux juges d'instruction d'Aix-en-Provence puis requalifiée en motifs criminels pour «enlèvement» et «séquestration». Une mise en situation, sorte de reconstitution des faits, avait eu lieu pour la première fois jeudi au Haut-Vernet, avec 17 personnes convoquées, dont toutes celles présentes le jour de la disparition d'Emile. Mais «pour l'instant, aucun élément n'apparaît entre ces recherches et la mise en situation», a affirmé Marie-Laure Pezant.
Jusqu'à présent, l'attention avait beaucoup porté sur le grand-père maternel d'Emile, Philippe V., qui avait la garde de l'enfant ce jour-là. Cette piste avait toujours été étudiée, «au même niveau» que les autres, avait cependant assuré une source proche du dossier.
Désormais quinquagénaire, celui-ci avait été placé sous statut de témoin assisté dans une enquête sur des violences et agressions sexuelles présumées au début des années 1990 au sein d'un établissement scolaire privé religieux dans le Pas-de-Calais.