Un pas vers Les Républicains
Ouverture d'Élisabeth Borne sur la réforme des retraites

Élisabeth Borne a fait un nouveau pas vers Les Républicains, dont elle courtise le vote pour l'adoption à l'Assemblée de la réforme des retraites. Elle a lâché du lest sur les longues carrières, tout en pressant la gauche de retirer ses amendements de «blocage».
Publié: 14.02.2023 à 21:33 heures
Interrogée, la Première ministre a annoncé que les salariés éligibles au dispositif carrière longues, c'est-à-dire ayant commencé à travailler avant 21 ans, n'auraient pas à cotiser plus de 43 ans pour partir à la retraite, dès lors qu'ils auront atteint l'âge de départ anticipé requis.
Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT / POOL

La Première ministre française, Élisabeth Borne, a fait un nouveau pas vers Les Républicains (LR) au sujet de la réforme des retraites. Interrogée lors des questions au gouvernement par la députée du parti de droite, Véronique Louwagie, la Première ministre a annoncé que les salariés éligibles au dispositif carrière longues, c'est-à-dire ayant commencé à travailler avant 21 ans, n'auraient pas à cotiser plus de 43 ans pour partir à la retraite, dès lors qu'ils auront atteint l'âge de départ anticipé requis.

Dans le projet initial, certains salariés en carrière longue devaient cotiser 44 ans.

Cette annonce intervient quelques heures après la réunion du bureau politique de LR, qui a précisément réaffirmé ses exigences sur ce volet afin de pouvoir voter la réforme du gouvernement.

Une avancée importante

Le texte soumis par le patron du parti Éric Ciotti a été approuvé «à l'unanimité moins huit abstentions» par l'instance dirigeante de LR. Parmi ces abstentionnistes figurent Xavier Bertrand et plusieurs députés (Raphaël Schellenberger, Isabelle Perigault, Ian Boucard, Maxime Minot, Fabien di Filippo...) réticents à voter la réforme, au risque de fracturer le parti de droite.

En première ligne sur ces exigences supplémentaires, le député LR Aurélien Pradié a salué «une avancée importante» mais n'a pas pris part au vote.

La Première ministre avait déjà fait une première ouverture sur les longues carrières à destination des LR, également majoritaires au Sénat, juste avant l'arrivée du texte dans l'hémicycle.

La France insoumise fragilisée

Élisabeth Borne a par ailleurs une nouvelle fois exhorté les oppositions de gauche à retirer les «amendements de blocage» pour permettre «un vrai débat de fond», alors qu'il en reste environ 14'000 à examiner.

Première visée: La France insoumise, fragilisée par les différents incidents de séance, le dernier en date ayant conduit le député Aurélien Saintoul à présenter ses «excuses publiques» au ministre Olivier Dussopt, traité d'«assassin».

L'âge de départ à la retraite risque de ne pas être débattu

Lundi soir, la gauche avait annoncé le retrait d'un millier d'amendements et mardi, le groupe écologiste a renchéri de 150 amendements supplémentaires. Mais il faudrait en retirer «quasiment 9000» pour arriver à l'article 7 consacré au recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans au lieu de 62 aujourd'hui, a estimé mardi la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance).

Ce point qui cristallise les débats et a plusieurs fois attiré plus d'un million de personnes dans la rue à l'appel de syndicats unis risque de ne jamais être débattu dans l'hémicycle.

Les députés doivent en attendant reprendre mardi après-midi l'examen de l'article 2 de cette réforme très contestée concernant notamment la mise en place d'un index en entreprise pour lutter contre le chômage des seniors.

Nouveaux appels à la grève lancés

Votée ou non, vendredi à minuit, la réforme des retraites aura fini son parcours en première lecture à l'Assemblée et partira au Sénat, en vertu de la procédure controversée retenue par le gouvernement.

La France insoumise est également sous la pression de ses partenaires de la Nupes ainsi que des syndicats. Mais la patronne du groupe Mathilde Panot a refusé de s'engager à retirer des amendements, défendant «une stratégie de résistance parlementaire mouvante» et demandant au gouvernement de prolonger plutôt les débats à l'Assemblée.

Ce n'est pas à l'ordre du jour. Selon une source parlementaire, à l'issue des débats, c'est une commission mixte de sénateurs et de députés qui détiendrait la clé du vote. En cas d'accord, un texte de compromis sera soumis à l'approbation de l'Assemblée le 16 mars.

Dans l'immédiat, la majorité présidentielle va être confrontée à un autre défi: une cinquième journée d'actions organisée jeudi à l'appel des huit principaux syndicats. Une «dernière sommation», dixit Laurent Escure (Unsa), avant une nouvelle journée le 7 mars, après les vacances scolaires, qui pourrait enclencher des grèves reconductibles.

Jeudi, les numéros un de l'intersyndicale (CFDT-CGT-FO-CFE-CGC-CFTC-Unsa-Solidaires-FSU) défileront à Albi, symbole de cette France des petites villes très mobilisée contre la réforme. A Paris, la manifestation partira de Bastille en direction de la place d'Italie.

Après 963'000 manifestants, selon les autorités, plus de 2,5 millions selon les syndicats samedi, l'affluence devrait être moindre jeudi «avec deux zones en vacances», selon Simon Duteil (Solidaires). Des appels à la grève ont été lancés à la SNCF et à la RATP.

(ATS)

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