Pour des messages haineux
Mort de Thomas à Crépol: neuf internautes condamnés

Neuf internautes ont été condamnés à Paris pour avoir diffusé des messages haineux et les adresses de suspects après la mort de Thomas à Crépol en novembre 2023. Les peines vont de 500 euros d'amende à quatre mois de prison avec sursis.
Publié: 31.10.2024 à 22:34 heures
Des manifestants défilent derrière une banderole sur laquelle est écrit «Thomas, dans nos coeurs pour toujours, nous t'aimons» à Romans-sur-Isère, dans le sud-est de la France, le 22 novembre 2023, lors d'une "Marche Blanche" en hommage à Thomas.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Neuf internautes ont été condamnés jeudi à Paris à des peines allant de 500 euros d'amende à quatre mois de prison avec sursis, pour avoir diffusé des messages haineux et les noms et adresses de suspects après la mort du jeune Thomas à Crépol (Drôme) en novembre 2023.

Ils ont été jugés lors de deux audiences séparées en septembre, par la 17e chambre du tribunal correctionnel, soit pour provocation non suivie d'effet à commettre un crime, injure publique en raison de l'origine, divulgation de données personnelles ou encore menaces de mort.

La plupart ont été condamnés à des amendes: 100 jours-amende de 10 euros (c'est-à-dire une amende de 10 euros par jour pendant 100 jours), 800 euros ou 1500 euros. Le tribunal correctionnel a retenu l'altération du discernement pour l'un d'eux, condamné à 500 euros d'amende. Plusieurs doivent également verser quelques centaines d'euros pour préjudice moral aux parties civiles.

Responsabilité des médias mise en cause

Leurs messages avaient été postés sur Facebook ou X en novembre 2023, quelques jours après la mort de Thomas, lycéen de 16 ans mortellement poignardé lors d'un bal à Crépol (Drôme) au cours d'une altercation entre des convives et une dizaine de jeunes extérieurs au village.

«Au delà des condamnations prononcées, ce procès nous rappelle l'immense responsabilité des médias et des politiques dans le traitement des faits divers», a réagi auprès de l'AFP Me Marie Cornanguer, avocate d'un des condamnés, qui avait publié la photographie de deux suspects accompagnée d'une image d'armes à feu légendée «la solution».

«Dans cette affaire, ils ont été au commencement de cette déferlante de haine en ligne. A la différence de mon client, ils n'ont, me semble-t-il, pas encore fait leur examen de conscience», a-t-elle ajouté.



Marylène P., mère au foyer de 53 ans ayant republié la liste d'adresses, qui a admis à la barre «une grosse connerie» et a présenté ses excuses, a été relaxée.

«Des vrais têtes de blancs, à vacciner direct au fusil», avait écrit Lionel G., chauffeur routier de 55 ans, en republiant photos et noms de suspects.

«Les noms des assassins que la flicaille a tenté de vous cacher sont désormais connus», écrivait de son côté Gaël L., 56 ans, en relayant une liste d'adresses des jeunes mis en cause.

«Toujours les mêmes profils, Suédois de bonne famille», ironisait à son tour Jean-Marie L., 40 ans, chef d'une petite entreprise.

Lors du procès de cinq d'entre eux, le 4 septembre, plusieurs ont semblé avoir du mal à comprendre ce qu'ils faisaient là, leurs explications restant confuses.

Le tribunal leur avait rappelé que les familles des suspects avaient reçu des appels et courriers menaçants chez eux.

Le procureur avait requis des peines allant de quatre mois de détention ferme à deux mois avec sursis, ainsi que des stages de citoyenneté à leurs frais pour ces «délinquants de la parole», à l'autre «bout de la chaîne» de l'enquête - toujours en cours - concernant la mort de Thomas.

jpa/cal/jco

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