La ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castera a été inculpée en décembre pour «diffamation publique» après une plainte de l'ex-patron du football national, Noël Le Graët, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. L'information a été confirmée par le parquet général de la Cour de cassation.
Une information judiciaire est ouverte depuis le 21 juin à la Cour de justice de la République (CJR), seule juridiction habilitée à juger les ministres dans l'exercice de leurs fonctions, pour examiner la plainte de Noël Le Graët. Celui-ci reproche à la ministre des propos tenus en février 2023 sur sa gestion de la Fédération française de football (FFF).
La ministre est «sereine»
Dans un communiqué, Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui fait office de ministère public à la CJR, a confirmé l'inculpation de la ministre par la commission d'instruction pour «diffamation publique envers un particulier». L'avocat d'Amélie Oudéa-Castera n'a pas souhaité commenter. Celui de Noël Le Graët n'était pas joignable immédiatement.
A l'ouverture de l'information judiciaire, le ministère des Sports avait assuré qu'Amélie Oudéa-Castera était «sereine» et «prête à répondre», ce qu'elle a fait «publiquement et à différentes reprises ces derniers mois, aux accusations infondées de Noël Le Graët».
Démission avec fracas
Noël Le Graët a démissionné en février avec fracas de la FFF, qu'il dirigeait depuis 2011, après un rapport d'audit accablant de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d'accusations de harcèlement sexuel.
Les inspecteurs de l'IGESR estimaient dans ce rapport que Noël Le Graët «ne dispos(ait) plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français», compte tenu notamment de son «comportement inapproprié (...) vis-à-vis des femmes».
Quelques heures après son départ, son avocat avait annoncé une plainte, affirmant qu'Amélie Oudéa-Castera avait «menti» sur ce rapport. Il soulignait également une différence entre la synthèse du document publiée le 15 février, qui mentionnait des «paroles» et des SMS, «des propos ou des écrits ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres», et la version intégrale.
Ce rapport n'a pas été rendu public.
(ATS)