Ils sont les seigneurs des mers. Ou plutôt, ils l’étaient. Il faut les voir, à quai, amarrés les uns à côté des autres dans le port de Rouen transformé en sanctuaire du passé maritime le plus glorieux qui soit. Nous sommes en Normandie, sur la Seine, le fleuve qui traverse Paris en amont et se déverse au Havre, le premier port de France. Et le spectacle qui s’étale devant nous, sur plus de 3 kilomètres de quais, est celui des plus beaux voiliers du monde. Des navires écoles. Des chalutiers qui, jadis, écumaient les rivages de Terre-Neuve. Des goélettes supplantées, au XIXe siècle, par les turbines des premiers paquebots et cargos à vapeur. Bienvenue à l’Armada de la liberté. La Suisse a ses montagnes, sa neige, ses lacs et ses vallées. La France a la mer pour épouse, et les navires à voiles pour éternels compagnons de voyage et d’aventures.
Des vieux gréements par dizaines
Jusqu’au 18 juin, c’est ce spectacle qui vous attend à Rouen: des vieux gréements par dizaines, alignés comme à la parade. Pour les laisser passer, toutes voiles baissées, le pont Flaubert a été relevé. Chaque soir, un feu d’artifice au-dessus de la Seine. Un concert chaque jour pour les dizaines de milliers de visiteurs quotidiens. L’Armada, dont la première édition a eu lieu en 1989, est un spectacle entièrement gratuit.
Si vous n’aimez pas la cohue, rebroussez chemin, ou préparez-vous à devoir jouer des coudes pour approcher les quais, entre échoppes et coques de bois. Mais si vous avez l’âme marine et voyageuse, le port de Rouen vous tend les bras. Et les marins en uniforme, habitués à crapahuter sur les mats en pleine tempête, seront là pour vous guider dans les coursives et vous faire visiter les cales.
Dans les soutes du Cuauhtémoc
Imaginez-vous dans les soutes du Cuauhtémoc, le magicien mexicain des océans sorti en 1982 du chantier naval de Bilbao, en Espagne. Ou sur la proue du Bima Suci, le grand voilier indonésien de 111 mètres. J’ai opté, moi, pour la version moderne de ces géants de mers. La Canopée est le cargo à voile qui traverse l’Atlantique avec, à bord, les morceaux de la fusée Ariane. Départ des côtes du sud-ouest de la France pour les rivages de la Guyane tropicale et le pas de tir spatial de Kourou.
Si tous les pays du monde se donnaient la main pour lutter contre le réchauffement climatique et limiter la pollution de mazout lourd, le carburant des tankers et des navires de croisière, les océans verraient se croiser des Canopées battant pavillon panaméen, grec ou suisse. Dommage, d’ailleurs, que la marine marchande au pavillon rouge à croix blanche, l’une des premières flottes mondiales, ne soit pas représentée à cette Armada rouennaise.
Retrouvez l'Armada de Rouen en images:
Jean-Paul Rivière, président de l’Armada, aime souhaiter personnellement la bienvenue aux visiteurs étrangers lorsqu’il les croise sur les quais du port de Rouen. Il nous a personnellement demandé d’avertir tous les lecteurs de Blick. «Hissez haut la Suisse! Les lacs aussi sont des destinations pour les voiliers. Nous ne les oublions pas!»
Les géants des mers stationnés sur les quais de la Seine descendront ensuite le fleuve, pour mettre toutes voiles dehors à l’embouchure du Havre, le dimanche 18 juin. Alors, moussaillons helvétiques, on embarque?
Pour en savoir plus: www.armada.org