Malgré les promesses d'Attal
La FNSEA appelle à poursuivre les blocages

Gabriel Attal a promis vendredi un «sursaut agricole» pour faire face à la colère profonde des campagnes, des mesures d'urgence saluées, mais jugées insuffisantes pour lever la mobilisation par la FNSEA après une semaine de blocages.
Publié: 26.01.2024 à 21:06 heures
Accès à Paris perturbé, autoroutes bloquées, incendie d'un bâtiment à Narbonne, les agriculteurs avaient fait monter la pression à l'approche de l'intervention de Gabriel Attal.
Photo: DUKAS

Gabriel Attal a promis vendredi un «sursaut agricole» pour faire face à la colère profonde des campagnes, alternant chapelet de mesures et manifestations d'empathie, face à des agriculteurs plus que jamais mobilisés après une semaine d'actions et de blocages.

Abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix: il a accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants.

«On ne vous lâchera pas»

Evoquant un «mois de la simplification» d'ici au Salon de l'agriculture qui s'ouvre fin février, le chef du gouvernement a aussi cité notamment les «curages» des cours d'eau ou les délais de recours contre les projets de stockage d'eau et d'extension des bâtiments d'élevage.

«On ne vous lâchera pas. Je ne vous lâcherai pas», a-t-il lancé depuis une exploitation bovine de Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), jetant parfois un oeil sur son discours posé sur un ballot de paille. «On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout», a-t-il ajouté.

«Je suis venu parce que vous avez voulu envoyer un message et je suis venu vous dire que le message, on l'a reçu 5/5, que je vous ai entendus, qu'on vous a entendus», a asséné le Premier ministre, dénonçant aussi les «discours culpabilisateurs» et critiquant «ceux qui opposent la défense de nos agriculteurs et la défense de l'environnement».

Sur la question du revenu, au coeur du malaise agricole, il a annoncé que le gouvernement allait «prononcer trois sanctions très lourdes» contre trois entreprises ne respectant pas les lois Egalim, qui visent à protéger le revenu des agriculteurs dans le cadre des négociations avec industriels et supermarchés.

Le Premier ministre s'est ensuite immédiatement rendu sur le barrage de Carbonne, sur l'A64, où il s'est lancé dans des échanges animés et amicaux avec les agriculteurs qui campent là depuis une semaine.

La mobilisation se poursuivra

L'éleveur occitan Jérôme Bayle, initiateur du premier barrage devenu une figure de la contestation, a estimé avoit «gagné» sur trois points principaux: le GNR, l'irrigation et la MHE. «Si on s'est battus, c'est pour arrêter tout ça (...) ce soir je vous annonce que demain midi l'autoroute pourra circuler», a-t-il annoncé aux côtés du Premier ministre.

Mais quelques minutes plus tard, le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, douchait les espoirs d'une sortie rapide de la crise en appelant à «poursuivre cette mobilisation».

«Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin», a-t-il dit sur TF1, en estimant que les annonces étaient «trop justes» et «ne (répondaient) pas» à toutes les attentes alors que le syndicat majoritaire, associé aux Jeunes agriculteurs, a mobilisé «plus de 72.000 agriculteurs» dans «85 départements» pour exprimer une colère profonde.

Accès à Paris perturbé, autoroutes bloquées, incendie d'un bâtiment à Narbonne, les agriculteurs avaient fait monter la pression à l'approche de l'intervention de Gabriel Attal.

Bordeaux, Montpellier, Lyon ou Le Mans, des agriculteurs avaient commencé à «lever le camp» avant la prise de parole du Premier ministre.

Des mesures «très largement insuffisantes»

De son côté, la présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, Véronique Le Floc'h a prévenu que les tracteurs de ses adhérents allaient «rester sur les routes», regrettant que le recul du gouvernement sur le GNR ne soit pas allé plus loin.

La Confédération paysanne, troisième syndicat classé à gauche, a aussi déploré des mesures qu'elle a qualifiées de «très largement insuffisantes».

Le Premier ministre a abordé de nombreuses revendications agricoles, sans toutefois mentionner les pesticides, pour lesquels la FNSEA a récemment demandé un «moratoire sur l'interdiction».

(ATS/AFP)

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