Le plus proche complice sur le banc des accusés
Viols de Mazan: «J'ai toujours cru percevoir le consentement de Mme Pelicot à travers M. Pelicot»

À Avignon, Dominique Pelicot et ses complices sont jugés pour avoir drogué et violé Gisèle Pelicot. Dominique D., sur le banc des accusés, est présenté comme le «meilleur complice» du mari.
Publié: 16.10.2024 à 22:36 heures
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

En 2015, c'est la nuit de la Saint-Valentin qu'a choisie Dominique Pelicot pour organiser le viol de son épouse Gisèle, inconsciente, par Dominique D., un ex-militaire devenu routier qui viendra six fois au total et qu'il a décrit mercredi comme «son meilleur complice».

«La première fois (NDLR: sur le site coco.fr), fermé depuis par la justice), il m'a dit qu'il cherchait un homme pour sa femme pour la nuit de la Saint-Valentin», explique depuis le box des accusés Dominique D., né il y a 45 ans dans le nord de la France au sein d'une fratrie de 16 enfants, tous abandonnés par leurs parents et placés dans des familles d'accueil.

Lors de sa garde-à-vue, en mars 2021, il avait spontanément évoqué cette soirée au domicile des Pelicot à Mazan (Vaucluse), où il avait violé Gisèle Pelicot aux côtés de son mari.

Fait exceptionnel dans cette affaire, où Dominique Pelicot filmait minutieusement les viols de son épouse par les dizaines d'hommes qu'il invitait sur internet, il n'existe ni vidéo ni photo de cette nuit.

Devant les enquêteurs, le quadragénaire avait également reconnu qu'il savait que Gisèle Pelicot était droguée à son insu par son mari, avec du Temesta, un puissant anxiolytique, et que donc elle n'était pas consentante.

Cheveux coupés très court et tee-shirt noir, mercredi, face à la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, où il est jugé avec cinquante autres accusés, Dominique D. affirme certes «reconnaître les faits matériels, mais pas l'intention» de les commettre.

«Je n'aurais pas dû céder à la tentation»

Pendant près d'une heure, le président de la cour, Roger Arata, égrène alors les cinq autres visites de Dominique D. à Mazan, de novembre 2016 à septembre 2020. Cinq visites lors desquelles l'accusé et Dominique Pelicot vont multiplier les pénétrations de toutes natures sur Gisèle Pelicot, totalement inconsciente.

Dans une vidéo tournée par Dominique Pelicot et montrée à l'audience, Dominique D. lève le pouce en signe de satisfaction, sourire aux lèvres. «J'ai toujours cru percevoir le consentement de Mme Pelicot à travers M. Pelicot, c'est lui qui le donnait. Je n'aurais pas dû céder à la tentation. La première fois, il aurait fallu dire stop et dénoncer (les faits), ne pas être lâche», dit-il.

«Ça a été (mon) meilleur complice, (…) il voulait savoir comment elle était, comment elle serait habillée, on a beaucoup échangé à ce sujet», explique tranquillement Dominique Pelicot, qui depuis l'ouverture du procès, le 2 septembre, a pris l'habitude de charger les autres accusés.

50 autres accusés sur le banc

Plus tôt dans la journée, les avocats de Gisèle Pelicot avaient demandé la projection de deux photos prises en mai 2019 à l'île de Ré, où le couple Pelicot passait des vacances en compagnie de leur fille Caroline et de leur petit-fils. Dominique et Gisèle y affichent un sourire radieux.

Ces mêmes vacances, aussitôt après le départ du reste de la famille, Dominique Pelicot avait là encore organisé le viol de son épouse, par Mohamed R. Ce septuagénaire, longuement interrogé mercredi, nie lui aussi une quelconque «intention» de commettre un viol, affirmant avec véhémence être tombé dans un «guet-apens».

«Pourquoi, même pendant ces vacances, ce moment heureux, vous ne pouvez pas vous empêcher d'organiser ce viol?», demande à Dominique Pelicot Me Stéphane Babonneau, un des avocats de Gisèle Pelicot, présente sur le banc des parties civiles.

«Vous l'expliquer, je ne sais pas», répond Dominique Pelicot, qui évoque la «fameuse face B» de sa personnalité. Sur le moment, il a ressenti «de l'inquiétude, de la culpabilité, de la honte, du plaisir aussi». «Tout cela est mélangé», reconnaît-il.

Dominique Pelicot, qui risque jusqu'à 20 ans de détention, comme la plupart de ses 50 coaccusés, n'a jamais expliqué précisément pourquoi il avait commencé à droguer sa femme, à la violer et à la faire violer par des inconnus, après quarante ans de mariage.

Gisèle Pelicot, qui a insisté pour que ce procès soit public, est devenue un symbole de la lutte contre la soumission chimique et contre les violences faites aux femmes.

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