Nos plus jeunes lecteurs pardonneront cet écart journalistique de «super boomer». Nous voici revenu en 1974 en France. Giscard remporte l’élection présidentielle. La DS est la plus belle voiture au monde. Jacques Brel agonise aux îles Marquises. Abba fait danser la planète disco sur «Waterloo». Et «Cloclo» fait couler des flots de larmes en chantant «Le téléphone pleure».
Daniel Guichard, c’était «Mon vieux»
Vous vous souvenez de ces années-là? Si oui, alors Daniel Guichard vous dit quelque chose. Son truc à lui, c’était «Mon vieux», chanson parfaite pour ce mois de janvier 2023 où le projet de loi sur la réforme des retraites défait la France. Or voilà que le chanteur, aujourd’hui âgé de 74 ans, est devenu un canon Caesar réactionnaire. Une chanson pour vouer aux gémonies Ursula von Der Leyen, la présidente (allemande) de la Commission européenne. Un tour sur le plateau de Touche Pas à mon poste pour dire qu’il apprend à tirer et se prépare à la guerre civile. Une embardée pour crier contre la discrimination entre soignants vaccinés et soignants non vaccinés. Un passage à Sud Radio pour s’emporter contre la société qui craque de partout.R
L’ex-éditorialiste Eric Zemmour se frotte les mains. Hanouna, alias Baba, salive d’une nouvelle polémique. Le Rassemblement national flaire l’idole parfaite pour son électorat populaire. Michel Sardou, flingueur réactionnaire en chef (ce qu’il réfute) depuis des décennies, vient de trouver son adjoint idéal.
De retour sur scène, le chanteur septuagénaire mêle nostalgie et colère. «Toujours accompagné de son épouse Christine, à bord de leur camping-car, il a repris la route des salles de spectacle» racontait voici peu le quotidien régional Français «La Nouvelle République», alors qu’il se produit cette semaine à Poitiers et à Tours.
Hier, Daniel Guichard chantait:
Le soir, en rentrant du boulot
Il s’asseyait sans dire un mot
Il était du genre silencieux
Mon vieux
Aujourd’hui, ce vieux-là ne se tait plus. Il tire à vue.