Avec sa voix grave reconnaissable et plus de 100 films au compteur, Gérard Darmon fait partie du cinéma français depuis plus de cinquante ans. Si l'acteur français de 76 ans est populaire auprès du public, il a laissé des souvenirs glaçants auprès de plusieurs femmes. Neuf d'entre elles l'accusent de violences sexistes et sexuelles, révèle une enquête de «Politis» publiée mercredi 27 novembre.
La plupart des victimes étaient âgées de moins de 30 ans au moment présumé des faits, l'une d'entre elles dépassant à peine la majorité. Toutes se trouvaient dans une situation précaire lorsqu'elles ont travaillé avec Gérard Darmon sur des plateaux de tournage. Les faits rapportés sont récents, s'échelonnant entre 2018 et l'été 2024. Selon les descriptions faites par ces différentes femmes, le comportement de l'acteur français pourrait relever du harcèlement sexuel, voire de l'agression sexuelle pour certaines, souligne le «Huffington post».
De son côté, Gérard Darmon nie avoir eu des comportements ou des gestes déplacés. Il n'a pas souhaité répondre aux questions posées par «Politis». Pour l'instant, aucune plainte n'aurait été déposée contre l'acteur.
«Chienne ou petite cochonne»?
Dans les colonnes de l'hebdomadaire français, les victimes racontent les humiliations, les propositions à caractère sexuelles et les contacts physiques non consentis qu'elles auraient subi sur les plateaux. Les femmes qui accusent l'acteur sont, pour la plupart d'entre elles, des maquilleuses, des habilleuses, des techniciennes ou encore des assistantes de réalisation.
La plus jeune raconte qu'elle avait 19 ans et qu'elle était stagiaire lorsqu'elle a rencontré Gérard Darmon sur le tournage de «Vous êtes jeunes, vous êtes beaux», qui s'est déroulé l'été dernier. La jeune femme décrit l'acteur comme «très mielleux, appuyant ses bises au coin de la bouche». Et Gérard Darmon ne se serait pas arrêté là. Il lui aurait également lancé: «On peut faire l’amour, tu peux venir chez moi.»
La jeune femme explique ne pas avoir cédé ses avances, mettant en avant le fait qu'elle avait «l'âge de ses enfants». Contrarié, il l'aurait insultée: «Bonjour chienne, tu préfères que je t’appelle chienne ou petite cochonne?» Elle aurait finalement quitté le tournage après avoir informé la production qui n'a pris aucune action concrète. L'ancienne stagiaire affirme à «Politis» avoir déposé plainte contre la production pour non-protection.
Main entre les cuisses
Présente sur le même tournage, la première assistante de réalisation confirme avoir entendu Gérard Darmon tenir ce genre de propos. Elle confie également avoir été la cible de l'acteur. Alors qu'elle était assise, les jambes croisées, il aurait «mis sa main entre [ses] cuisses en [lui] disant bonjour». Il aurait enchaîné «Ça va, tu vas pas me faire un MeToo!» avant de lui «faire la gueule pendant deux semaines».
Plusieurs femmes ayant accepté de témoigner décrivent Gérard Darmon comme insistant, colérique, sexiste et humiliant. Sur les six longs-métrages auxquelles elles ont participé, elles affirment avoir été mises en garde par la production du comportement et des «mains baladeuses» de l'acteur dans quatre d'entre eux, sans qu'il soit inquiété.
Certaines auraient tenté de signaler ces agissements, mais la peur de perdre leur emploi les aurait souvent réduites au silence. Par ailleurs, dix autres femmes se sont confiées au magazine «Politis», mais ont choisi de ne pas apparaître dans l’enquête. Elles redoutaient également de rouvrir des blessures profondes.