Les habitants de l'île française de La Réunion, dans l'océan Indien, sont confinés vendredi avant l'arrivée du cyclone Garance, les autorités redoutant des rafales de plus de 200 km/h et une houle pouvant atteindre plus de huit mètres. Au moins trois morts sont à déplorer.
Le préfet de la Réunion, Patrice Latron, a annoncé l'entrée en vigueur dans l'île à partir de 09H00 (05H00 GMT) de l'alerte violette cyclonique, le niveau maximal, qui implique le confinement strict de toute la population, y compris des forces de l'ordre et des services de secours. «On s'attend à un impact direct du mur de l'oeil et de l'oeil dans la matinée», a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec le préfet la directrice interrégionale de Météo France, Céline Jauffret. Elle a dit s'attendre à des rafales de vent «qui pourraient dépasser les 200 km/h».
Dans son dernier bulletin publié à 07H00 (03H00 GMT), Météo-France souligne que le cyclone Garance «se maintient au stade de cyclone tropical intense malgré une tendance à l'affaiblissement qui commence à s'opérer». Toutefois, l'institut précise que le cyclone continue de «se rapprocher directement de La Réunion» et «présente toujours une menace cyclonique très importante pour l'île».
«Un impact direct du coeur du système devient très probable en matinée sur un large secteur nord de l'île», mettent en garde les prévisionnistes. En début de matinée, Garance se trouvait à 90 km des terres réunionnaises, qu'elle frappera par le nord, selon Météo-France. L'île était déjà placée depuis jeudi soir en alerte cyclonique rouge, qui impose un confinement strict à l'exception des services d'urgence.
«Face au cyclone Garance, j'appelle nos compatriotes réunionnais à la plus grande vigilance et au respect des consignes de sécurité. L'Etat est à vos côtés et nos forces mobilisées. Solidarité de la nation», a posté sur X jeudi soir le président français Emmanuel Macron.
Toutes les communes de l'île ont ouvert au public leurs centres d'hébergement d'urgence. Plus de 500 personnes habitant des logements précaires ou n'ayant pas de domicile y ont trouvé refuge, a détaillé le préfet. Selon la compagnie d'électricité EDF, 4.000 foyers ne sont plus alimentés en courant. Vendredi matin, le préfet a indiqué que «8,4% des abonnés n'(avaient) plus d'accès à internet et au téléphone».
A Saint-Denis, le chef-lieu, les derniers préparatifs ont rythmé la journée jeudi. «Je me suis dit que j'avais le temps de faire mes courses, mauvaise pioche», soupirait Franck Vitry, patientant dans la longue file d'un supermarché du Port (ouest). «Ça m'a pris 30 secondes pour prendre mon pack d'eau, et là, ça fait 10 minutes que j'attends en caisse!» Certains anticipaient aussi les longues heures d'attente à domicile. «J'ai pris des rouleaux de pâte feuilletée, des oeufs et du sucre pour faire de la pâtisserie avec mes enfants pendant l'alerte rouge», confie Maryvonne Laurent, 36 ans, en faisant ses courses avec ses deux fils.
«Le sentiment d'être impuissant»
L'aéroport international de La Réunion avait suspendu tous ses vols jeudi matin à 10H30 (06H30 GMT). Sur l'île Maurice voisine, distante de 200 km, l'aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam avait cessé toute activité dès mercredi. Dans les terres, l'inquiétude grandit parmi les agriculteurs. A Etang-Salé-Les-Hauts (sud), Jean-Christophe Hoareau, producteur de légumes, retirait jeudi la mort dans l'âme les bâches de ses serres. Il sait que ses cultures ne résisteront pas au cyclone. «Le sentiment d'être impuissant, de ne pas savoir si ça va résister... A chaque fois, on perd nos cultures parce qu'on ne prend pas le risque et on sauve notre structure», explique-t-il.
Si Garance s'avérait aussi puissant que redouté, La Réunion pourrait revivre un épisode comparable à celui de janvier 2024. À l'époque, l'île de l'océan Indien avait été placée en alerte violette - le dernier niveau d'alerte - lors du passage du puissant cyclone Belal, qui avait fait quatre morts.