Journaliste matraqué
Plus de 90'000 manifestants contre le racisme en France, quelques débordements

Des tensions ont émergé lors des manifestations, notamment à Paris où un journaliste a été frappé par un policier. Le gouvernement est accusé par la gauche de durcir son discours sur l'immigration, favorisant ainsi l'extrême droite.
Publié: 22.03.2025 à 22:26 heures
Plus de 20'000 personnes se sont rassemblée à Paris.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Plus de 90'000 personnes selon le ministère de l'Intérieur ont défilé en France samedi contre le racisme et l'extrême droite, une mobilisation mêlant souvent un soutien à Gaza et mise sous le feu des projecteurs cette année par une polémique autour de d'une affiche présumée antisémite de la gauche radicale.

Le gouvernement de centre droit est accusé par la gauche de faire le jeu de l'extrême droite, avec un discours durci sur l'immigration. Le Premier ministre français François Bayrou avait notamment menacé de «dénoncer» l'accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l'ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d'emploi, si l'Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.

A Marseille, dans le sud de la France, quelque 3300 personnes selon la police (10'000 selon le syndicat CGT) ont défilé en brandissant des pancartes «contre l'islamophobie d'Etat» ou «Tesla is the new swastika», agitant des drapeaux palestiniens. A Strasbourg, dans l'est de la France, Marc Pereira, 37 ans, maraîcher, «est venu pour dire non au racisme ambiant».

Coup de matraque

A Paris, plus de 20'000 personnes ont marché avec un peu de tension en fin de manifestation, deux personnes ayant été interpellées et trois blessées. Par ailleurs, un journaliste a reçu un coup de matraque à la tête de la part d'un policier et le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé qu'il saisirait la procureure de la République contre tous les slogans «qui rentrent sous le coup de la loi pénale», alors que des «A bas l'État, les flics et les fachos» ont été scandés.

«L'Amérique glisse vers le fascisme. Nous avons besoin de manifestations comme ça aux US», a plaidé Ann, une Américaine de 55 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. «J'ose espérer que la politique menée par l'extrême droite américaine va faire réfléchir les gens», a renchéri à Rennes, dans l'ouest de la France, Nicole Kiil-Nielsen, 75 ans.

La polémique autour du parti de gauche radicale La France insoumise est partie d'un visuel ressemblant à certaines affiches antisémites des années 1930 et de l'Allemagne nazie, présentant le visage de Cyril Hanouna, animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, et juif d'origine tunisienne. LFI avait retiré son visuel rapidement et certains cadres avaient reconnu une «erreur».

Cependant, le chef de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qui s'est offert samedi un bain de foule à Marseille, a refusé tout mea culpa, accusant les médias de faire le jeu de l'extrême droite.

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