Sous pression du gouvernement et d'une grève qui dure depuis 18 jours, la direction du groupe pétrolier avait convié les quatre syndicats représentatifs à négocier en urgence dans la nuit de jeudi à vendredi.
Les représentants des deux syndicats réformistes CFDT et CFE-CGC ont quitté le siège du groupe à 3h30 du matin, annonçant être favorables à la dernière proposition de la direction, selon eux de 7% d'augmentation de salaire et 3000 à 6000 euros de prime.
Outre la demande de hausses de salaires après des profits exceptionnels des groupes Total, sur fond d'inflation liée notamment à la crise énergétique, la mobilisation vise à défendre le droit de grève, après la décision du gouvernement de réquisitionner de salariés de l'industrie pétrolière pour permettre la distribution de carburant.
Chaque syndicat va désormais consulter ses adhérents pour décider de signer, ou non, l'offre, avant vendredi midi. «On a soumis un accord pour signature avant midi», a confirmé Namita Shah, membre du comité exécutif de TotalEnergies, sans corroborer le chiffre de 7%.
Appels à la grève générale
La CGT, elle, avait déjà quitté l'immeuble. «Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes», a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la plateforme TotalEnergies Normandie, dénonçant une «mascarade». «Ça ne changera rien à l'état d'esprit et à la détermination des grévistes», a prédit le négociateur du syndicat à la tête de la mobilisation, espérant désormais «la généralisation du mouvement.» Peu après, la confirmation venait de la base: le mouvement de grève a été reconduit sur les cinq sites de TotalEnergies après les votes de relèves entre 4h et 6h, a confirmé à l'AFP le coordinateur CGT Eric Sellini.
Le mouvement s'est, de fait, déjà mué en appels à la grève générale. Mardi prochain sera une grande journée de grève nationale en France, des transports aux fonctionnaires, suite à l'appel jeudi de quatre grands syndicats et de plusieurs organisations de jeunesse. La grève de mardi touchera en particulier les entreprises ferroviaires SNCF et de transports publics parisiens RATP.
Depuis la semaine passée, les nerfs des automobilistes français sont mis à rude épreuve par le mouvement dans les raffineries et dépôts de carburants, débutés dès septembre, mais dont l'impact avait été jusqu'alors limité. La pénurie qui fait perdre un temps considérable aux professionnels qui dépendent de leur véhicule: transporteurs routiers, artisans, ambulanciers.
Pression sur TotalEnergies
D'après le Ministère de la transition énergétique, 30% des stations-service étaient bloquées en France jeudi, et plus encore dans le nord du pays. Face à cette situation, le gouvernement a mis mercredi à exécution ses menaces de réquisitions de personnel chez Esso-ExxonMobil, au dépôt de carburant de la raffinerie de Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon (nord-ouest), sommé de rouvrir les vannes.
L'ouverture des négociations s'est faite après les réquisitions gouvernementales du personnel du dépôt de TotalEnergies de Flandres (nord) et de la raffinerie Esso-ExxonMobil en Normandie (nord), pour rouvrir les vannes. Des réquisitions qui ont «mis le feu aux poudres», selon le patron de la CGT.
Les premiers salariés réquisitionnés, forcés de travailler sous peine de sanctions pénales, ont permis de libérer de premiers stocks de carburants par oléoduc et par la route, sans encombre. Le gouvernement avait fait pression sur TotalEnergies pour qu'il «augmente ses salaires», devant les menaces d'élargissement du conflit.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a souligné que le géant français, qui a engrangé 10,6 milliards de bénéfices au premier semestre grâce à la hausse des prix de l'énergie sur fond de guerre en Ukraine, avait «la capacité» et «donc le devoir» de le faire.
(ATS/AFP)