Fusion des médias de service public
L'audiovisuel public en grève pour lutter contre le projet de Rachida Dati

Une gigantesque réforme de l'audiovisuel public français sera débattue à L'Assemblée nationale. Un projet combattu à l'interne et qui donne lieu ce jeudi et vendredi à une large grève à France TV et Radio France.
Publié: 23.05.2024 à 09:11 heures
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Dernière mise à jour: 23.05.2024 à 09:27 heures
Rachida Dati, Ministre de la culture, a choisi d'accélérer le processus.
Photo: DUKAS

Tout un secteur mobilisé: de France Télévisions à Radio France, les personnels sont en grève jeudi et vendredi contre le projet de fusion éclair de l'audiovisuel public défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati. L'Assemblée nationale doit théoriquement débattre de cette réforme au même moment en première lecture, avec 280 amendements au menu. Mais l'examen risque d'être repoussé au 24 juin en raison du retard pris sur un autre texte, le projet de loi agricole.

Des réseaux régionaux de France 3 ou France Bleu aux sièges parisiens, la mobilisation s'annonce massive contre ce qui est perçu comme un «passage en force». Jeudi matin, les antennes de Radio France sont perturbées et les émissions habituelles ont été remplacées par de la musique.

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Côté télévision, si l'émission Télématin sur France 2 a pu se dérouler en direct, la chaîne Franceinfo a rediffusé des programmes.

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Mastodonte pour lutter contre la concurrence

Pour assurer la retransmission du débat jeudi soir sur France 2 entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella, la direction a en outre prévu de recourir à des prestataires externes, d'après les syndicats. Le temps est compté: voulant «rassembler les forces», la ministre de la Culture prévoit une phase transitoire avec une holding commune pour l'audiovisuel public au 1er janvier 2025, puis une fusion un an après. Quelque 16000 salariés sont concernés.

Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte de l'audiovisuel rassemblerait également l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24). L'intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel. Des préavis de grève ont été déposés dans ces quatre sociétés publiques, où l'on craint pour les moyens et les emplois. Un rassemblement est prévu aux abords du ministère de la Culture jeudi à 13H30.

«C'est notre survie qui se joue», ont affirmé les syndicats de Radio France lors d'une assemblée générale mercredi, en appelant à envoyer «un message radical» par la grève. Ils préparent une autre mobilisation pour le 28 mai, pour le cas où le premier vote solennel de la réforme par les députés serait maintenu à cette date.

«Une fusion qui s'annonce longue et anxiogène»

Les inquiétudes sont particulièrement vives à la Maison Ronde à l'idée que la radio puisse être phagocytée par la télé. Dans une tribune au Monde publiée mercredi, plus de 1100 salariés de Radio France, dont les présentateurs Léa Salamé, Nicolas Demorand, Guillaume Erner et Nagui, ont dit leur rejet d'un projet «démagogique, inefficace et dangereux».

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«Pourquoi engager (le secteur) dans une fusion qui s'annonce longue, complexe, anxiogène pour les salariés et sans réel objectif éditorial?», demandent aussi les syndicats de France Télévisions. Aux personnels, Rachida Dati a assuré dimanche: «Je veux vous garantir non seulement une pérennité mais (aussi) votre force» dans un univers de «concurrence exacerbée», entre plateformes et réseaux sociaux.

«Le moment politique est venu», selon la ministre, après une tentative de rapprochement par son prédécesseur Franck Riester stoppée par le Covid-19. «Evidemment, on ne va uniformiser ni les métiers, ni les activités», a-t-elle aussi martelé mercredi au Sénat lors des questions au gouvernement. La société géante, dénommée «France Médias», aurait un budget de quatre milliards d'euros.

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