Elle plaide pour l'uniforme
Brigitte Macron, première prof de France?

L'épouse d'Emmanuel Macron fait une rentrée politique tonitruante. Dans un long entretien au Parisien, l'ancienne enseignante de 69 ans plaide pour le retour de l'uniforme à l'école. Sur TF1, elle avait aussi détaillé quelques habitudes de son mari.
Publié: 12.01.2023 à 16:29 heures
Le sélectionneur de l'équipe de France de football, Didier Deschamps accompagnait Brigitte Macron et le maire de Nice, Christian Estrosi lors de l'ouverture de l'édition 2023 de l'opération de collecte de fonds «Pièces Jaunes», destinée à améliorer la vie des enfants hospitalisés
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Brigitte Macron est-elle ministre de l’Education? Ou conseillère officielle de la présidence de la République? L’ex-enseignante du lycée La Providence d’Amiens et du très sélect Lycée Saint-Louis de Gonzague à Paris vient en tout cas de faire une rentrée scolaire tonitruante en début d'année. En campagne médiatique pour la traditionnelle opération «Pièces jaunes» de soutien aux enfants hospitalisés, chasse gardée de la première dame sous toutes les présidences, l’épouse d’Emmanuel Macron a mis les pieds… ou plutôt les boutons, les cravates et les jupes plissées dans le plat.

«J’ai porté l’uniforme comme élève»

Devant une dizaine de lecteurs du quotidien «Le Parisien», l’intéressée a défendu le retour du port de l’uniforme dans les enceintes scolaires. «J’ai porté l’uniforme comme élève: quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques. Donc je suis pour le port de l’uniforme à l’école, mais avec une tenue simple et pas tristoune». Avis au ministre français de l’Education, l’universitaire Pap Ndiaye, la «prof» Brigitte Macron est prête à reprendre du service, coté discipline.

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Brigitte Macron et ses secrets dans «Le Parisien»

Sur l’uniforme, sa prise de position matinée d’expérience personnelle parait assez anecdotique, du point de vue de son possible impact en termes d’agenda gouvernemental. Personne ne pense aujourd'hui possible d’imposer, en France, le retour d’une tenue unique dans les écoles, même si des élus comme le maire de Béziers Robert Ménard, longtemps proche du Rassemblement national, défendent cette idée. Le ministre de l’Education lui-même, Pap Ndiaye, s’est dit fin 2022 «opposé à une loi qui imposerait une tenue aux élèves».

Dans un pays où le port des signes religieux est interdit depuis 2004, cet historien spécialiste des questions coloniales n’a clairement pas envie d’engager son ministère sur ce terrain. «Les questions de laïcité ne relèvent pas seulement des tenues religieuses expliquait-il en 2022 sur BFM TV. Son argument? Le possible contournement de la loi, comme c’est le cas pour celle de 2004. Et la conviction que la question vestimentaire «n’est pas le meilleur moyen de garantir le respect du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées public».

Une posture politique offensive

Le plus frappant, au-delà de la réintroduction des uniformes à l’école, est donc la posture actuelle de Brigitte Macron, qui fêtera son 70e anniversaire le 13 avril prochain. Depuis le début du second mandat présidentiel de son mari, âgé lui de 45 ans depuis le 21 décembre, la première dame était politiquement aux abonnées absentes. Son registre était plutôt celui de la discrétion, sauf sur ses deux sujets de prédilection: la culture et le patrimoine, où ses interférences sont fréquentes, comme le note l’ancienne ministre Roselyne Bachelot dans son livre «682 jours» (Ed. Plon). Certains s’inquiétaient même de ce retrait, estimant qu’elle a toujours servi de «boussole» à son mari, rencontré lorsqu’il suivait, adolescent, des cours de théâtre scolaire à Amiens.

«Buzz» médiatique

Or voilà que l’intéressée repart à l’offensive. A Nice mercredi, Brigitte Macron a suscité le «buzz» médiatique pour le lancement de l’opération «Pièces jaunes» aux côtés du maire de la ville, Christian Estrosi (élu pro-Macron) et du sélectionneur de l’équipe de France de football Didier Deschamps. Ce, après avoir tourné un clip remarqué et très commenté sur les réseaux sociaux, et après avoir été l’invitée, lundi, du journal de 20 heures sur TF1.

Une forme de revanche pour l’ex-enseignante, passionnée par le débat d’idées, visée en 2022 par des attaques détestables sur son physique et sa différence d’âge avec son époux. Sur les réseaux sociaux, une campagne de désinformation l’accusant d’être… transgenre a même proliféré. Ce qui l’a conduit à porter plainte, au civil et au pénal, pour diffamation «transphobe». Les trois enfants de Brigitte Macron ainsi que son frère Jean-Michel Trogneux se sont joints à cette assignation pour atteinte à la vie privée, au droit de la personnalité et violation du droit à l’image.

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Durant son entretien à TF1, la première dame a démontré qu’elle entendait conserver une liberté de parole sur l’actualité. Elle a parlé du malaise du système de santé, reconnaissant parler à des soignants «en sous-effectif». «Il me disent aussi, notamment dans les grandes villes à Paris ou Marseille, que le logement est cher, donc ils vivent loin. Ça ajoute encore à leurs difficultés. Mais cet hôpital, ils l’aiment et s’ils ont peur, c’est pour leur hôpital et ils veulent le sauver» a-t-elle ajouté.

Au Parisien, en pleine polémique sur la réforme des retraites présentée le 10 janvier par la Première ministre Elisabeth Borne, cette septuagénaire retraitée a reconnu son inquiétude sociale: «J’entends que ce n’est pas de gaîté de cœur que la réforme est lancée mais que, sans cela, le système ne tient pas à long terme. Après, je ne suis pas économiste…» a-t-elle commenté. Est-ce qu’il y a un bon moment pour réformer? Le premier quinquennat était compliqué, le second est parti sur les chapeaux de roues. Mais je sais que tout peut arriver. J’ai bien cela dans la tête à tout moment. Je suis une angoissée mais j’ai confiance dans les Français. J’ai peur pour mon mari, mes enfants, tout le temps. Je ne comprendrai jamais le recours à la violence.»

Première dame ou première prof de France?

Brigitte Macron, première dame ou première prof de France? Dans un pays toujours bousculé par les colères sociales, où le rôle de la première dame n’est pas codifié – l’appellation n’est pas officielle et le protocole du palais présidentiel de l’Elysée ne reconnaît pas officiellement la conjointe – la volonté de l’épouse du chef de l’Etat paraît claire: s’exprimer, en misant sur la compréhension des gens accumulée au fil de sa carrière d’enseignante. «Je suis comme tous les Français, j’ai un avis sur tout, alors je le donne (à mon mari)» a-t-elle expliqué aux lecteurs du «Parisien». Avec un risque: alimenter le discours des opposants qui reproche à Emmanuel Macron de présider en solitaire, préférant ses intuitions et l’avis de son entourage aux conseils de l’institution supposée gouverner la France: l’administration, à travers ses services publics.

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