Plus de douze heures après «la déflagration très importante» suivie de l'effondrement, vers 00h40, d'un immeuble situé au 17 rue de Tivoli, dans un quartier de Marseille connu pour ses cafés, restaurants et sa vie nocturne, un incendie fait toujours rage sous les gravats, empêchant chiens et secouristes de rechercher d'éventuels survivants.
Beaucoup de fumée était encore visible à côté d'un amas de gravats, a constaté un photographe de l'AFP depuis un immeuble en hauteur du quartier.
«Entre quatre et une dizaine de personnes»
«Nous pensons qu'il y a entre quatre et une dizaine de personnes sous les décombres», a affirmé Gérald Darmanin venu spécialement dans la deuxième ville de France, lors d'un point presse avec le maire de Marseille Benoît Payan, resté lui sur les lieux toute la nuit.
Il pourrait encore falloir «quelques heures» pour éteindre le feu, puis envoyer les équipes cynophiles spécialisées, selon Gérald Darmanin. «On ne sait pas qui exactement était dans cet immeuble. A notre connaissance, il pourrait y avoir eu une dizaine de personnes qui y habitaient à cette heure du matin. Quatre personnes apparaissent y être de façon certaine. On ne sait pas si elles sont vivantes ou décédées», a ajouté le ministre de l'Intérieur.
Un centre d'accueil destiné aux personnes recherchant un membre de leur famille ou un proche dont ils n'auraient pas de nouvelles a été mis en place et ses accueils filtrés pour préserver l'intimité des familles.
«Beaucoup d'angoisse»
«Il y a beaucoup d'angoisse chez les familles du quartier», a témoigné auprès de l'AFP Arnaud Dupleix, le président de l'association des parents d'élèves de l'école élémentaire Tivoli toute proche, qui organise un réseau d'entraide pour ceux qui ont dû quitter leur logement.
Une trentaine d'immeubles ont été évacués par précaution. Le ministre du Logement Olivier Klein, qui se rendra à Marseille lundi, a indiqué que cela concernait 179 personnes dans quatre rues.
L'effondrement du 17 a en effet entraîné dans son sillage une grande partie du 15 voisin et endommagé le numéro 19. Cinq personnes, résidentes de ces bâtiments voisins, ont été blessées, mais «aucune n'est entre la vie et la mort» et 33 au total ont été prises en charge, selon Gérald Darmanin.
A propos de l'origine du drame, le ministre a estimé qu'on ne pourrait «pas savoir aujourd'hui ce qui a provoqué cette très grande déflagration». «La police judiciaire de Marseille est saisie et fera l'intégralité de la vérité sur ces faits», a-t-il ajouté, le parquet ayant ouvert une enquête pour «blessures involontaires».
«Tout a tremblé»
Au moment de l'explosion, «tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l'immeuble est tombé sur la rue», a dit à l'AFP Aziz, un homme qui a préféré taire son nom de famille, mais a déclaré tenir un commerce d'alimentation nocturne dans la rue où l'immeuble s'est effondré.
La déflagration a été si violente qu'une famille habitant dans une rue perpendiculaire a raconté à l'AFP avoir vu la fenêtre de son salon s'ouvrir brutalement. Une camarade de leur fillette habitant au 15 «est heureusement saine et sauve», a raconté le père de famille sous couvert d'anonymat.
«On a très vite senti une forte odeur de gaz, qui est restée et qu'on a encore sentie ce matin», a indiqué à l'AFP Savera Mosnier, une habitante d'une rue proche.
L'adjoint chargé de la sécurité à la mairie de Marseille, Yannick Ohanessian, a confirmé que plusieurs témoins avaient évoqué des «odeurs suspectes de gaz».
Un autre effondrement en 2018
En novembre 2018, l'effondrement rue d'Aubagne de deux immeubles dans un autre quartier du centre de Marseille, Noailles, avait fait huit morts et suscité une vague d'indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40'000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.
Mais l'hypothèse d'une insalubrité de l'immeuble qui s'est effondré dimanche semble écartée. «Il n'y avait pas d'arrêté de péril pour ce bâtiment et ce n'est pas un quartier recensé comme ayant de l'habitat insalubre», a indiqué le préfet. «Faire le parallèle (ndlr: avec la rue d'Aubagne) est irresponsable (...). Rien ne nous permet de penser qu'on est dans une symétrie», a insisté le maire.
Plusieurs effondrements ces 40 dernières années
Marseille a connu plusieurs effondrements mortels d'immeubles au cours des 40 dernières années.
Le 11 janvier 1981, huit personnes sont mortes et 16 ont été blessées dans le quartier pauvre du Canet lors de l'écroulement de leur bâtiment.
Cinq personnes ont péri en 1985 dans l'explosion accidentelle d'un immeuble près du boulevard du Prado et le 20 juillet 1996, une explosion due au gaz a soufflé un immeuble de sept étages près de la gare, faisant quatre morts et 26 blessés.