«Ton Allah de merde»
Piste islamophobe pour un meurtre dans une mosquée du Gard

Un fidèle a été tué de dizaines de coups de couteau dans une mosquée à La Grand-Combe (Gard). Le suspect, d'origine bosnienne et non-musulman, a filmé la scène en insultant Allah, suggérant un possible acte islamophobe.
Publié: 26.04.2025 à 14:59 heures
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Dernière mise à jour: 26.04.2025 à 17:08 heures
Un fidèle d'une vingtaine d'années a été tué dans une mosquée dans le Gard.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Le meurtre d'un fidèle tué de dizaines de coups de couteau vendredi matin dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard) pourrait être un acte islamophobe, l'auteur étant entendu en train d'insulter «Allah» sur une vidéo qu'il a lui-même filmée juste après cette agression.

«Je l'ai fait (...), ton Allah de merde», lâche le meurtrier, à deux reprises, alors qu'il est en train de filmer avec son téléphone portable la victime agonisante, selon une source proche du dossier. Il réalise ensuite la présence de caméras de surveillance dans la mosquée: «Je vais être arrêté, c'est sûr».

Toutes les pistes encore envisagées

Toujours en fuite samedi après-midi, cet homme a été identifié. De nationalité française, il est d'origine bosnienne et n'est pas musulman, a précisé à l'AFP une source proche du dossier. Confirmant samedi à l'AFP les propos tenus par le meurtrier sur la vidéo, le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, a précisé que «toutes les pistes» restaient envisagées, dont «celle d'un acte à dimension islamophobe».

Le parquet national antiterroriste (Pnat) est en train d'évaluer le dossier pour éventuellement s'en saisir, a ajouté Abdelkrim Grini. Samedi à la mi-journée, l'enquête, confiée au groupement de gendarmerie du Gard, à la section de recherches (SR) de Nîmes et à la police judiciaire, restait cependant encore sous la houlette du parquet d'Alès, a précisé le magistrat.

Le suspect est «activement recherché», a-t-il ajouté. «C'est une affaire prise très au sérieux, les faits sont très graves». Selon une autre source proche du dossier, l'auteur des faits aurait envoyé sa vidéo à une autre personne, qui l'aurait alors diffusée sur un réseau social, avant qu'elle soit supprimée.

La victime avait une vingtaine d'années

Les faits se sont déroulés vendredi matin vers 8h30 dans la mosquée Khadidja, une salle de prière située dans le hameau de Trescol, dans la petite commune gardoise de quelque 5000 habitants de La Grand-Combe, au nord d'Alès.

La victime, un homme d'une vingtaine d'années, et son agresseur étaient alors seuls à l'intérieur de la mosquée. Les «deux hommes étaient occupés à prier, lorsqu'un des deux a porté plusieurs dizaines de coups de couteau à l'autre, avant de le laisser pour mort et de prendre la fuite», avait expliqué Abdelkrim Grini vendredi.

Le corps de la victime, qui a reçu 40 à 50 coups de couteau, selon les premières estimations avant autopsie, a été découvert seulement en fin de matinée, lorsque d'autres fidèles sont arrivés pour la prière du vendredi.

Des images tournées par le meurtrier

Outre les images tournées par le meurtrier, les enquêteurs disposent aussi de celles des caméras de surveillance installées à l'intérieur et à l'extérieur de la mosquée, selon Abdelkrim Grini. Selon le procureur, la victime, âgée de 23-24 ans, «fréquentait régulièrement» cette mosquée, tandis que le meurtrier «ne la fréquentait absolument pas et n'y était a priori jamais venu auparavant».

Selon plusieurs personnes interrogées sur place vendredi par l'AFP, le jeune homme qui a été tué était arrivé du Mali il y a quelques années. Il était bien connu et très apprécié dans le village, où il se rendait tous les jours à la mosquée.

Un meurtre «épouvantable»

Ancienne cité minière distante d'une dizaine de kilomètres d'Alès, La Grand-Combe est une commune frappée par un des plus forts taux de chômage en France depuis la fin de l'exploitation du charbon.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait qualifié ce meurtre d'«épouvantable» dans un message sur le réseau social X, en exprimant son «soutien à la famille de la victime et (sa) solidarité à la communauté musulmane touchée par cette violence barbare, dans son lieu de culte, le jour de la grande prière».


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