Affaire Le Scouarnec
Ses invités discutaient dans le salon, il violait leur fille dans la chambre

L'ancien chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec témoigne au tribunal de ses agressions sur des enfants. Il détaille ses actes commis dans le silence, à proximité de sa famille, révélant son modus operandi et son sentiment d'impunité.
Publié: 07.03.2025 à 18:34 heures
|
Dernière mise à jour: 07.03.2025 à 18:44 heures
Photo: AFP
Post carré.png
AFP Agence France-Presse

L'ancien chirurgien pédocriminel français Joël Le Scouarnec, au centre d'un procès hors-normes pour des violences sexuelles sur 299 victimes, a raconté vendredi au tribunal la manière dont il agressait et violait des enfants de son entourage, dans le silence et à côté de sa propre famille. Amie des fils de l'accusé, S. a raconté à la cour des souvenirs enfouis en elle depuis plus de trente ans, au début des années 1990, lorsque sa famille était souvent invitée par celle du médecin, alors âgé de 40 ans et en poste à Loches, dans le centre de la France.

Une première fois, alors qu'elle a six ans, Joël Le Scouarnec l'emmène dans une chambre et la «viole», tandis que l'épouse du chirurgien et la mère de sa victime parlent dans le salon. Quelques semaines plus tard, S. se rend aux toilettes, le médecin la suit et lui impose une pénétration digitale. Peu après, il tente à nouveau de l'isoler mais S. s'échappe et «court vers (sa) maman».

«Sentiment d'impunité»

Dans le box, Joël Le Scouarnec oublie le prénom de sa victime mais, pour une fois, se souvient précisément de ce qu'il nomme «l'épisode des toilettes». «Je profitais du fait qu'(un de mes fils) amenait des camarades (à la maison) pour en abuser», dit-il. Ce jour-là, «je guettais l'opportunité du moment propice et là, j'ai vu la petite S. aller aux toilettes, je me suis dirigé vers les toilettes pour commettre les actes tels que je les ai écrits.»

Depuis le début de son procès le 24 février, l'accusé justifie par sa «mémoire sélective» l'absence de souvenirs concernant les violences sexuelles qu'il a infligées à ses victimes, malgré leur longue description dans son journal intime. Questionné par la présidente du tribunal Aude Buresi, qui souligne la rareté d'un souvenir aussi précis de la part de l'accusé, il admet avoir «commis ces gestes sur elle», reconnaît «l'avoir violée». Il détaille ensuite la manière dont, en parlant le moins possible lors des faits, il espérait astreindre les enfants au silence.

«Est-ce que j'aurais pris le risque de dire à un enfant: 'Surtout tu ne dis rien'? Ça aurait majoré le risque, je voulais que ce que je faisais paraisse naturel. Dire à l'enfant: 'Tais-toi, c'est un secret, il faut pas le dire', ça m'aurait paru maladroit.» «Ce qui m'intéressait, c'était de satisfaire mon désir, mon impulsion pédophile», a-t-il souligné évoquant son «sentiment d'impunité» et ses déjà nombreuses victimes à l'époque.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la