L'Eglise catholique s'apprête à célébrer Pâques, la fête la plus importante de l'année, avec une présence réduite du pape François, toujours convalescent malgré plusieurs apparitions publiques qui tendent à rassurer sur son état de santé.
Chemin de Croix au Colisée, lavement des pieds, veillée pascale...: à Rome, la Semaine sainte a habituellement des allures de marathon pour le chef spirituel des 1,4 milliard de catholiques, qui doit enchaîner les célébrations en présence de milliers de fidèles.
Une présence limitée
Mais moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital Gemelli, où il a passé 38 jours et frôlé la mort à cause d'une sévère pneumonie, la présence du pape de 88 ans s'annonce bien plus limitée cette année, une première depuis son élection en 2013.
Rentré au Vatican le 23 mars, le jésuite argentin est, en théorie, censé observer un repos de deux mois, sans activité publique ni contact avec des groupes, pour éviter le risque de surinfection. En théorie, seulement. Car ces derniers jours, Jorge Bergoglio, connu pour son caractère déterminé, a enchaîné les apparitions surprises et s'est même offert deux bains de foule. Dimanche, à la fin de la messe des Rameaux sur la place Saint-Pierre, il a ainsi donné des poignées de main et s'est arrêté pour bénir des enfants.
«Bonne semaine sainte»
«Bonne semaine sainte», a lancé François aux 20'000 fidèles d'une voix encore faible, assis sur son fauteuil roulant. Contrairement à la semaine précédente, il ne portait pas de canules nasales à oxygène. Le Vatican a indiqué mardi que son état de santé continuait de s'améliorer, fruit de sa rééducation respiratoire et motrice, et qu'il pouvait se passer d'assistance en oxygène sur des périodes de plus en plus longues.
François a reçu mercredi dernier le roi Charles III en audience privée et a été vu jeudi à la basilique Saint-Pierre puis samedi à la basilique Sainte-Marie Majeure dans le centre de Rome, à laquelle il est très attaché. Il continue de travailler, de nommer des évêques et de publier des textes.
Pourra-t-il bénir la foule?
Un signal clair envoyé par celui qui a répété qu'on gouverne «avec la tête, pas avec les jambes»: après des semaines d'interrogations sur sa capacité à poursuivre sa mission, la présence du pape à Pâques – qui tombe cette année le même jour que chez les orthodoxes – semble désormais probable.
Avec une question: sous quelle forme? Dans quelle mesure participera-t-il aux célébrations? Pourra-t-il présider? Bénir la foule à bord de sa «papamobile»?
La bénédiction «Urbi et Orbi»
Si des observateurs constatent déjà l'avènement d'une nouvelle ère du pontificat, davantage basée sur l'écrit que sur les prises de parole du pape, beaucoup de fidèles restent attachés à sa présence pour la Semaine Sainte, pilier central du calendrier catholique qui commémore la passion et la résurrection du Christ.
Le Vatican a maintenu la traditionnelle bénédiction «Urbi et Orbi» (à la ville et au monde) en mondovision dimanche à 10h GMT depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Le pape pourrait, à cette occasion, donner la bénédiction mais déléguer la lecture de son texte à un collaborateur.
«Cette bénédiction au monde entier ne peut être faite que par le pape et c'est donc un geste qui vaut pour les croyants mais aussi pour les non-croyants», a confié mardi à l'AFP Giovanni Terragni, un prêtre italien, aux abords du Vatican.
Le flou demeure
Un geste d'autant plus symbolique que Rome célèbre en 2025 le Jubilé de l'Eglise catholique, une «Année sainte» organisée tous les quarts de siècle et pour laquelle des millions de pèlerins affluent dans la capitale italienne.
Le flou demeure total en revanche sur la présence du pape aux autres rendez-vous, dont la célébration a été confiée à des cardinaux: la messe du Jeudi Saint, l'office de la Passion (commémoration de la mort de Jésus) puis le Chemin de Croix au Colisée de Rome vendredi et la veillée pascale samedi soir à la basilique Saint-Pierre.
En 2023 et en 2024, François avait déjà annulé sa participation au Chemin de Croix pour raisons de santé, mais il avait tenu sa place le lendemain. Pour sœur Ermelinda Pettenon, une religieuse italienne interrogée par l'AFP près de la place Saint-Pierre, «c'est lui qui a appelé cette année sainte et le Seigneur le teste». «L'important est qu'il accepte ce moment de souffrance et d'épreuve», estime-t-elle.