La Toniebox est devenu indispensable dans de nombreuses chambres d'enfants. Cela ne vous dit rien? Il s'agit d'un lecteur de musique qui s'utilise avec des figurines appelées «Tonies». L'enfant pose une version en plastique de Winnie l'ourson (ou de tout autre héro en figurine) sur la box afin qu'une musique ou une histoire se mette en marche. Il s'agit d'un smart toy (en français: jouet intelligent) qui permet des matches interactifs grâce à un logiciel et à un accès à Internet.
Des chercheurs de l'Université de Bâle ont passé au crible douze jouets de ce genre afin de connaître leurs failles de sécurité. Outre la Toniebox, le jeu éducatif Tiptoi, l'application éducative Edurino ou le robot mobile Moorebot, équipé d'une caméra et d'un microphone, ont été examinés. L'équipe a découvert que certains jouets ne cryptaient pas le trafic de manière sûre et qu'ils collectaient les données des enfants pour permettre aux producteurs d'établir des profils de comportement. Quels sont les dangers concrets pour les enfants?
Les criminels peuvent intercepter les données
Regula Bernhard Hug, responsable du bureau de l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant, n'est pas surprise par les résultats de l'étude bâloise. «Les entreprises qui fabriquent ces smart toys sont généralement intéressées par le profit», indique-t-elle. Les données d'utilisation et les données personnelles pourraient être transformées en argent et donner aux fabricants un avantage concurrentiel.
Le niveau de risque d'un jouet dépend à la fois du type de données collectées et du lieu de stockage, explique Regula Bernhard Hug. Si le trafic de données n'est pas sûr, il y a un risque qu'elles soient interceptées par des tiers.
«Les jouets équipés d'une caméra qui envoient des images directement depuis la chambre de l'enfant sont particulièrement délicates.» L'experte recommande aux parents de ne pas acheter de tels jouets et de considérer toutes les voies de transmission de données comme un risque. «Dans le pire des cas, on laisse des criminels entrer directement dans la chambre de l'enfant.» La sphère privée et les droits de la personnalité de l'enfant sont ainsi violés.
Les fabricants savent quel est le talent de l'enfant
Pour les jouets qui collectent des données sur le comportement des enfants, il est décisif, selon Regula Bernhard Hug, de savoir d'où vient le fabricant, où se trouvent les serveurs et à quelle protection des données ils sont tenus. La loi suisse sur la protection des données interdit aux fabricants de jouets de collecter des informations au-delà de l'objectif du jouet. Ils ne peuvent pas établir de profilage de l'enfant. Ce n'est pas le cas des fabricants de l'UE, qui doivent mentionner un éventuel profilage dans les conditions générales de vente.
Le profilage signifie que les données existantes d'un enfant sur Internet sont mises en relation et que des offres publicitaires adaptées peuvent ainsi être créées. «Le fabricant sait alors ce qu'un enfant aime particulièrement écouter, s'il a des problèmes de motricité fine ou s'il ne peut pas bien se concentrer», explique Regula Bernhard Hug. Selon l'experte, les parents ont l'obligation de protéger leur enfant d'une telle évaluation et exploitation. «En tant qu'êtres humains, nous avons besoin d'intimité, d'espaces non surveillés et de liberté, sinon nous ne pouvons pas développer une bonne estime de soi.»
Ce à quoi les parents doivent faire attention
L'experte donne les conseils suivants pour rendre l'utilisation des jouets intelligents plus sûre:
- Utiliser une protection pour la caméra
- Désactiver les haut-parleurs intelligents sur le téléphone portable
- Ranger les appareils qui enregistrent des images et des sons dans la cave ou le garage (pas dans la chambre des enfants ou la salle de jeux).
- Privilégier les jouets avec lesquels l'enfant peut jouer hors ligne.
L'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant s'engage pour qu'un label soit bientôt développé pour des jouets sûrs. Cela permettrait de reconnaître en un coup d'œil les jouets qui respectent la sécurité et la protection des données des enfants.