En une semaine seulement, le ciel nord-américain a été agité de quatre explosions. En cause: des objets volants non identifiés.
Après le tir d’un ballon espion chinois présumé au-dessus de l’Atlantique, trois autres objets volants ont été abattus durant les jours qui ont suivi. De nombreuses questions restent encore en suspens sur ces événements. Blick fait le point sur la situation.
Que s’est-il passé?
Le premier tir a fait des vagues: après plusieurs jours d’observation, l’armée américaine, sur ordre du président, Joe Biden, a abattu un ballon chinois au large des côtes de l’État de Caroline du Sud. Les États-Unis estiment qu’il s’agit d’une tentative d’espionnage. La Chine conteste cette accusation et affirme qu’il s’agissait d’un ballon scientifique pour effectuer des relevés météorologiques. Ce dernier aurait été dévié de sa trajectoire, ont assuré les autorités chinoises.
En fin de semaine passée, trois nouveaux tirs ont eu lieu: vendredi, l’armée américaine a abattu un objet volant non identifié au-dessus de l’Alaska. Samedi, dans le cadre d’une opération conjointe avec le Canada, les États-Unis ont abattu un autre objet volant au-dessus du territoire canadien du Yukon. Le dernier tir a eu lieu dimanche au-dessus du lac Huron dans l’État du Michigan. Les travaux de récupération des débris sont désormais en cours: ces derniers doivent permettre d’en savoir plus sur le contexte du survol et leur nature.
Que sait-on de ces objets volants?
Selon le gouvernement américain, les mystérieux objets volants étaient sans pilote et se déplaçaient à basse altitude. L’objet volant au-dessus de l’Alaska avait la taille d’une petite voiture et était de couleur gris argenté. Quant à l’objet volant abattu au Canada, on sait qu’il avait une forme cylindrique et qu’il était de petite taille. Le sénateur américain Chuck Schumer a déclaré à la chaîne ABC qu’il s’agissait dans les deux cas de ballons.
Concernant le dernier objet détruit, outre une «forme octogonale», comme le décrit le Pentagone, on ne connaît pour l’instant que son altitude de vol: 6 kilomètres. En plus de sa faible altitude, la trajectoire de l’objet aurait suscité des inquiétudes quant à la menace qu’il pourrait représenter pour l’aviation civile. Les objets volants en Alaska et au Canada se trouvaient chacun à une altitude de 12 kilomètres: ils ont également été considérés comme un danger pour l’aviation civile.
La Chine est-elle aussi derrière les derniers incidents?
Pour faire court: on ne le sait pas encore. Le gouvernement américain ignore pour l’instant l’origine des trois objets abattus ce week-end. Actuellement, il n’exclut rien, pas même les extraterrestres. Glen VanHerck, général de l’armée de l’air nord-américaine et commandant du United States Northern Command, a déclaré «n’avoir rien exclu à ce stade» après le dernier tir.
Il n’est pas encore possible de savoir s’il existe un lien entre les quatre mystérieux objets volants. Contrairement au ballon espion chinois présumé, les États-Unis se gardent pour l’instant de formuler des accusations concrètes. Les derniers incidents se distinguent toutefois du premier tir: le ballon espion présumé se trouvait à une altitude d’environ 18 kilomètres, soit bien au-dessus de l’altitude à laquelle opère le trafic aérien civil. Il avait une taille équivalente à celle de deux à trois bus et était visible à l’œil nu.
Ce premier incident a affecté les relations déjà tendues entre la Chine et les États-Unis. Washington accuse les Chinois de mener un vaste programme de surveillance par ballons, avec lequel ils auraient ciblé plus de 40 pays sur cinq continents. Entre-temps, Pékin a répliqué lundi: les États-Unis auraient fait voler plus de dix ballons espions à haute altitude au-dessus de la Chine l’année dernière.
Quelle pourrait être la cible de ces objets volants?
Ni le gouvernement canadien ni le gouvernement américain n’ont précisé la direction prise par les objets volants. Comme l’écrit le quotidien britannique «The Independent», il y a toutefois plus qu’assez de cibles de surveillance potentielles en Alaska. De premiers indices suggèrent que le tir de samedi aurait eu lieu à proximité de Deadhorse en Alaska – non loin des champs pétrolifères de Prudhoe Bay. En plus des plus grands champs pétrolifères d’Amérique du Nord, l’oléoduc Trans-Alaska y est également installé.
Outre l’infrastructure pétrolière sensible, l’Alaska est une région importante pour les États-Unis sur le plan militaire. L’État abrite neuf bases militaires, différents systèmes de radars et d’alerte précoce orientés vers la Russie toute proche, ainsi qu’un système de défense antimissile capable d'intercepter les éventuelles têtes nucléaires entrantes.
Pourquoi tant d’objets volants sont-ils soudainement repérés?
Depuis le premier tir, les États-Unis sont devenus plus prudents. L’armée évalue les données radar de manière encore plus méticuleuse, écrit le «Washington Post». Les filtres avec lesquels les données radar sont analysées ont été adaptés. Cela doit permettre d’observer plus précisément les mouvements inconnus dans l’espace aérien.
Le fait que le nord de l’Alaska et du Canada soit ainsi pris pour cible s’explique par les vents dominants, explique David Martin, correspondant pour la sécurité nationale chez CBS News. Une grande partie de ce qui se déplace dans l’espace aérien y est transportée par le vent. «Et là-haut, il y a beaucoup de ce que les autorités appellent des 'déchets célestes'», poursuit le correspondant.
Parmi ces «déchets célestes» figurent les types les plus divers de «ballons lâchés par des gouvernements, des entreprises, des instituts de recherche et probablement aussi par des particuliers, et ce, à des fins qui ne sont pas honteuses», explique David Martin. Par le passé, les États-Unis n’auraient pas accordé beaucoup d’attention à de tels objets volants. Le ballon chinois a changé la donne et mis le gouvernement américain en état d’alerte.