Donald Trump et Kamala Harris ont déplacé leur duel vendredi dans le Michigan, se lançant des piques à distance depuis l'un des Etats les plus disputés d'une course haletante pour la Maison Blanche.
«On va rendre sa grandeur à Detroit», a lancé le républicain en meeting dans la première ville de l'Etat, au terme d'une journée où le candidat a beaucoup parlé de l'industrie automobile qu'il entend protéger et faire renaître en imposant des taxes aux voitures construites à l'étranger.
«Le 5 novembre va être le jour de la libération», a également promis l'ancien président de 78 ans en référence à la date du scrutin, en s'engageant à lancer la plus grosse opération d'expulsion de migrants clandestins de l'histoire des Etats-Unis. Il avait juste avant participé à une table ronde à Auburn Hills, au nord de Detroit, au cours de laquelle il a répété que les droits de douane étaient «le plus beau mot du dictionnaire», avant même le mot «amour».
Kamala Harris a également fait plusieurs étapes dans le Michigan, s'arrêtant notamment dans la capitale de l'Etat, Lansing. Elle y a prôné un rôle fort pour les syndicats et dénoncé les «promesses creuses» de son rival. La démocrate de 59 ans a remis une couche sur l'âge de son adversaire. «Si vous êtes épuisé en faisant campagne, cela soulève des questions sur votre capacité à assumer le travail le plus dur du monde», a-t-elle glissé.
Donald Trump a répliqué en niant des informations selon lesquelles il aurait annulé des interviews. Kamala Harris est une «ratée qui a moins d'énergie qu'un lapin», a-t-il cinglé. Barack Obama a de son côté fait campagne pour Kamala Harris à l'autre bout du pays, à Tucson, dans l'Etat de l'Arizona. «Nous n'avons pas besoin de voir ce que donnerait un Donald Trump plus vieux, plus timbré, sans garde-fou», a lancé l'ancien président démocrate.
«Biden a tout gâché»
Le Michigan est très disputé, alors qu'un grand nombre d'Arabo-Américains résident dans cet Etat du nord du pays, frontalier du Canada. Ces électeurs ont traditionnellement tendance à soutenir le candidat démocrate à l'élection présidentielle mais sont cette année très critiques de l'administration Biden, dont la candidate démocrate fait partie, vis-à-vis de la guerre à Gaza et au Liban.
A Dearborn, banlieue de Detroit, la guerre au Proche-Orient est en effet dans toutes les conversations. Marwan Faraj, un Américain d'origine libanaise de 51 ans, explique à l'AFP qu'il a toujours voté démocrate mais qu'il tournera le dos à Kamala Harris qui soutient «ce nettoyage ethnique et ce génocide depuis le premier jour, avec l'argent de nos impôts».
Biden «a tout gâché, et Kamala (Harris) promet de jouer le même rôle», estime cet Américain arrivé du sud du Liban à 16 ans et qui dirige un centre médical.
«Nous ne voulons voter ni pour Trump, parce qu'il nous regarde de haut, ni pour les démocrates qui nous respectaient et qui maintenant donnent des armes à Israël», renchérit Haider Koussan, lui aussi d'origine libanaise et copropriétaire avec ses frères d'une petite chaîne de supermarchés.
Si elle n'a pas rompu ouvertement avec la ligne de Joe Biden, qui a accordé à Israël un soutien quasi inconditionnel, Kamala Harris est bien consciente que cette position pourrait lui coûter des voix dans une élection ultra-serrée où chaque bulletin, ou presque, compte.
Des élections fortes en émotions
A 18 jours du scrutin, les deux candidats sont au coude-à-coude dans chacun des Etats les plus disputés, les fameux «swing states».
Et ce, malgré une série de rebondissements sans précédent dans la campagne: la condamnation au pénal de Donald Trump, deux tentatives d'assassinat le visant et le retrait de candidature de Joe Biden.
Plus de 10 millions d'Américains ont déjà voté, dont plus de trois millions dans ces États qui devraient décider de l'élection, selon des données compilées par l'université de Floride.
La Géorgie et la Caroline du Nord ont battu des records, y compris dans des régions touchées récemment par le dévastateur ouragan Hélène.