L'ex-président américain Donald Trump, accusé d'avoir voulu inverser les résultats de la présidentielle de 2020, a agi en tant que candidat, affirme le procureur spécial. Le républicain ne peut donc bénéficier d'une immunité présidentielle, ajoute-t-il.
Dans un volumineux argumentaire de 165 pages, publié mercredi et largement caviardé pour préserver l'anonymat des témoins, le procureur spécial Jack Smith entend démontrer le caractère privé des actes pour lesquels l'ex-président républicain est poursuivi. Selon lui, ces actes ne sont pas couverts par la large immunité pénale reconnue au président des Etats-Unis par la cour suprême dans une décision inédite le 1er juillet.
Ce document inclut des éléments du dossier exclusifs, non publiés jusqu'à présent, comme un témoignage d'un haut responsable de la Maison-Blanche à l'époque, faisant état d'une conversation surprise entre Donald Trump, sa femme, sa fille et son gendre à bord de l'hélicoptère présidentiel. «Peu importe que vous ayez gagné ou perdu l'élection, il faut se battre comme un chien», leur aurait dit Donald Trump, selon ce témoignage que l'accusation compte présenter lors d'un futur procès.
L'ex-président s'insurge
A la suite de sa défaite à l'élection présidentielle de 2020 remportée par le candidat démocrate Joe Biden, «avec l'aide de complices privés, l'accusé s'est lancé dans une série de plans de plus en plus désespérés pour inverser les résultats légitimes dans sept Etats qu'il avait perdus» de peu, écrit Jack Smith. Et d'ajouter: « Lorsque le défendeur a perdu l’élection présidentielle de 2020, il a recouru à des crimes pour tenter de rester en fonction.»
Ces tentatives ont culminé avec l'assaut du Capitole par des centaines de partisans de Donald Trump chauffés à blanc, rappelle-t-il. «Le coeur de la machination était de nature privée. Il a largement utilisé des acteurs privés et les structures de sa campagne pour tenter d'inverser les résultats de l'élection et a agi à titre privé en tant que candidat», conclut le procureur spécial.
Outré, Donald Trump a réagi à cette publication dans une série de messages sur son réseau Truth Social, dénonçant un document «truffé de faussetés» et accusant le gouvernement démocrate sortant d'«ingérence électorale».
Une course contre-la-montre
Par une majorité de six voix contre trois – les juges conservateurs contre les progressistes – la cour suprême a considéré que le président ne jouissait «d'aucune immunité pour ses actes non officiels», mais avait «droit au moins à une présomption d'immunité pour ses actes officiels».
Visé par plusieurs procédures pénales, Donald Trump fait feu de tout bois pour passer en jugement le plus tard possible, en tout cas après le vote du 5 novembre. S'il était de nouveau élu, il pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'arrêt des poursuites fédérales à son encontre.