«Nous devons raser Moscou»
Celui qui a tenté d'attaquer Trump voulait combattre pour l'Ukraine

L'auteur de la tentative d'attentat contre Donald Trump, Ryan Wesley Routh, voulait se battre pour l'Ukraine. La Légion étrangère ukrainienne l'a rapidement perçu comme un risque pour la sécurité. Ils prennent à nouveau leurs distances.
Publié: 18.09.2024 à 08:43 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2024 à 09:15 heures
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Ryan Routh voulait rejoindre la Légion internationale pour la défense de l'Ukraine. Celle-ci se distancie désormais de lui.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Marian Nadler
L'auteur présumé de l'attentat contre Trump, Ryan Routh, a séjourné un certain temps en Ukraine.
Photo: AFP

Ryan Wesley Routh est apparu dans le passé comme un fort soutien de l'Ukraine. Selon le «New York Times», il a publié en mars 2022 le message suivant sur le réseau social X: «Je suis prêt à m'envoler pour Cracovie et à me rendre à la frontière ukrainienne pour me battre et mourir volontairement.» Mais dans ce pays envahi par la Russie, l'Américain était apparemment considéré comme un risque pour la sécurité. La Légion étrangère ukrainienne se distancie clairement de l'auteur présumé de la tentative d'attentat contre Trump.

«Nous tenons à préciser que Ryan Wesley Routh n'a jamais fait partie de la Légion internationale ou n'a jamais été associé à elle à quelque titre que ce soit», ont-ils déclaré dans une publication sur les réseaux sociaux. La porte-parole de la troupe de volontaires, Evelyn Aschenbrenner, a présenté au média ukrainien «Kyiv Independent» des messages qui prouveraient la manière dont Ryan Routh se comportait à l'époque. 

Des accusations de la Légion étrangère ukrainienne

Evelyn Aschenbrenner formule de lourdes accusations à l'encontre de Ryan Routh. Elle lui reproche d'avoir proposé d'amener des milliers de combattants afghans en Ukraine en cas de besoin. «Cela ressemble à un risque massif pour la sécurité», aurait-elle répliqué, ajoutant: «La Légion a un système de recrutement auquel vous ne participez pas. En faisant cela, vous n'aidez absolument pas. Et, je vous en prie, ne commencez pas à dire à des milliers d'Afghans de venir en Ukraine. C'est absurde. Si vous ne faites rien du tout, je vous en serais reconnaissante.»

Dans l'interview accordée au «Kyiv Indepedent», la porte-parole accuse également Ryan Routh d'avoir menti à plusieurs reprises, prétendant entretenir des «liens avec la Légion étrangère». Elle précise que, malgré les demandes répétées de recruteurs, de soldats étrangers et de commandants ukrainiens pour qu'il cesse de faire de telles déclarations, l'Américain aurait persisté à diffuser des informations trompeuses à ce sujet.

«Il ne donnait pas l'impression d'être sain d'esprit»

En 2022, plusieurs journalistes ont rencontré Ryan Routh à Kiev. Ils le décrivent comme un «fou» ou un «fanatique». Le journaliste français Guillaume Ptak s'est entretenu avec lui en juillet 2022. «Il s'est présenté comme un recruteur pour la Légion étrangère ukrainienne, ce qui, comme nous le savons maintenant, semble être une connerie totale», a déclaré le journaliste au «Kyiv Independent». «Il était gentil et très passionné, mais il ne donnait pas l'impression d'être sain d'esprit», ajoute le reporter de guerre. «Il avait un papier agrafé sur sa poitrine et s'approchait de tout le monde.» Sur le papier, on pouvait y lire «Military Recruiting» (ndlr: recrutement militaire) et ses coordonnées. 

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Sebastian Leber, qui écrit pour le journal allemand «Tagesspiegel», raconte sa rencontre en mai 2022 avec Ryan Routh. «Il semblait engagé et agréable au début, mais au fil de l'interview, il est devenu clair qu'il était fanatique. Il ne voulait pas seulement défendre l'Ukraine, mais tuer le plus de Russes possibles, y compris des civils», explicite le journaliste dans un article publié lundi 16 septembre. «Nous devons raser Moscou», aurait soutenu Ryan Routh, se plaignant que l'armée ukrainienne agissait avec trop de prudence, en pesant trop le pour et le contre. «J'étais content que Ryan Routh ne fasse que traîner ici, dans le centre-ville, et qu'il ne soit pas sur le front, à la fin en tant que soldat avec un pouvoir de commandement.» L'interview du«Tagesspiegel» n'a jamais été publiée. Le journaliste a estimé qu'il était évident que Ryan Routh souffrait d'une maladie psychique.

Selon les médias américains, l'homme de 58 ans a contacté Elon Musk pour lui demander s'il pouvait lui acheter un missile. «Je voudrais l'équiper d'une ogive pour détruire le bunker de Poutine sur la mer Noire», a déclaré l'auteur présumé de la tentative d'attentat. «Pouvez-vous me donner un prix, s'il vous plaît?»

Il risque la prison

L'homme, qui est accusé d'avoir tenté d'assassiner l'ancien président américain Donald Trump a été officiellement inculpé de deux délits liés aux armes. Ryan Routh est accusé d'avoir possédé illégalement une arme à feu. Le numéro de série de l'arme n'aurait pas été reconnu. C'est ce qu'a fait savoir le ministère américain de la Justice, selon le «New York Times».

Il risque jusqu'à 15 ans de prison, une amende de 250'000 dollars (environ 211'000 francs) et trois ans de mise à l'épreuve pour la possession illégale de l'arme. Pour le délit de numéro de série, il pourrait être condamné à cinq ans de prison supplémentaires, à une amende supplémentaire de 250'000 dollars et à trois ans de probation supplémentaires.

Routh a un casier judiciaire plus long. Selon les informations de la chaîne CNN, il a fait l'objet de plusieurs procédures pour fraude fiscale. En 2002, il a également été jugé dans l'État de Caroline du Nord pour «possession d'une arme de destruction massive». Huit ans plus tard, il a été poursuivi dans cet État pour avoir conservé des biens volés.

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