«Si vous ne partez pas maintenant, votre maison sera aussi votre tombe», avait averti ce mercredi la maire de Tampa, en Floride. L'ouragan Milton a touché le continent américain dans la nuit, ravageant les villes et tuant déjà plusieurs personnes. Cette nouvelle catastrophe frappe les Etats-Unis, qui lutte encore contre les séquelles de l'ouragan Hélène qui a dévasté de nombreuses régions et tué plus de 225 personnes.
Milton pourrait même être la pire tempête depuis 100 ans. Même si l'ouragan est redescendu au stade 2, l'inquiétude demeure sur le bilan des dégâts. Mais Milton et Hélène provoquent également des remous politiques. Donald Trump et Kamala Harris sont sous haute-tension.
La Floride devient un Swing State
Premier constat, et il a son importance: ce sont surtout des régions traditionnellement républicaines qui ont été balayées par les ouragans. C'est le cas de la Floride. En 2020, l'Etat était encore considéré comme un Swing State. Aujourd'hui, il est aux couleurs républicaines. Donald Trump y devance Kamala Harris de 5% – une avance gigantesque pour ces élections. Mais «grâce» à Milton et Helene, la Floride pourrait redevenir un Swing State.
La raison n'est pas très difficile à comprendre. A cause des inondations importantes, de nombreux habitants de Floride doivent quitter leur domicile et se loger temporairement ailleurs. Et cela pose de gros problèmes logistiques aux autorités électorales. Comment et où vont voter les Floridiens qui ne peuvent pas se rendre aux urnes dans leur ville d'origine? Vont-ils vraiment pouvoir voter?
Baisse de la participation
Il n'existe pas de précédent en matière d'élections présidentielles, mais l'ouragan Katrina de 2005 a toutefois été un bon exemple de l'impact des catastrophes naturelles sur le comportement électoral. Katrina a frappé la Nouvelle-Orléans en août 2005 et plus de la moitié des habitants de la ville n'étaient pas encore revenus avant les élections primaires du maire en avril 2006.
Le taux de participation a chuté de plus de 10% par rapport aux quatre années précédentes. Autre exemple marquant: l'ouragan Michael a frappé la Floride beaucoup plus proche des élections de 2018, à savoir début octobre. Et dans cette période, la participation aux élections de mi-mandat («midterms») qui ont suivi a considérablement baissé – de près de 7% selon le Brennan Center for Justice.
Un coup fatal pour les républicains?
Dans les 15 comtés touchés par Milton et faisant l'objet d'un appel urgent à l'évacuation, vivent actuellement 1'982'569 électeurs républicains inscrits et 1'216'925 électeurs démocrates inscrits, selon le site officiel de la Floride. Au total, 765'644 électeurs républicains de plus que les démocrates pourraient être forcés de quitter leur domicile.
Parmi ces derniers, tous n'iront probablement pas voter, pour les raisons évoquées plus haut. Lors des élections présidentielles de 2020, seulement 371'686 voix séparaient Donald Trump de son adversaire Joe Biden. Une perte d'autant de voix pourrait donc être fatale pour les républicains.
Toute cette situation complique davantage la mobilisation des républicains. Pour rappel, lors des élections de 2020, Donald Trump a perdu contre le président américain Joe Biden. Lors des midterms de 2022, les républicains ont fait un mauvais score – même s'ils ont obtenu de justesse la majorité à la Chambre des représentants. Dans les deux cas, les démocrates ont tout simplement mieux réussi à amener leurs électeurs aux urnes.
Les ouragans: des faiseurs de roi
Mais ne nous faisons pas d'illusions: l'attitude des candidats à la présidence joue un rôle central. Les midterms 2006 en ont été un exemple flagrant. La population avait jugé la réaction du gouvernement républicain de George W. Bush à l'ouragan Katrina si mauvaise que les républicains avaient perdu massivement des voix. Son père George H. W. Bush (1924-2018) avait déjà subi des pertes importantes après l'ouragan Andrew en 1992, selon les précisions du «Washington Post».
A l'inverse, après le passage de l'ouragan Sandy dans le nord-est des Etats-Unis moins d'une semaine avant les élections de 2012, la réaction des différents partis a été considérée comme un avantage considérable pour le président Barack Obama. On se rappelle son accolade avec le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie! Pas moins de 15% des électeurs prêtaient une attention particulière aux comportements des candidats, et Barack Obama a gagné plus de 70% de ces électeurs.
Il n'est pas étonnant que Kamala Harris et Donald Trump veuillent se présenter sous un jour particulièrement favorable dans les zones sinistrées. Parfois par des moyens déloyaux, comme l'a fait Donald Trump. Lors de sa visite dans une zone sinistrée, il en a profité pour diffamer son adversaire.