«Ce n'est pas vrai»: au cours de leur premier débat avant la présidentielle de novembre aux Etats-Unis, Kamala Harris et Donald Trump se sont invectivés sur leur bilan et leur programme respectif, à renfort d'approximations et de fausses informations.
Voici les principales affirmations fausses ou trompeuses sur les grands thèmes du débat, vérifiées par l'équipe de fact-checkeurs de l'AFP.
Sur le Chômage
A la question de savoir si les Américains vivaient aujourd'hui dans de meilleures conditions qu'il y a quatre ans, la candidate démocrate n'a pas répondu directement. Elle a accusé son adversaire d'avoir laissé aux démocrates, à son départ de la Maison Blanche, le «pire taux de chômage depuis la Grande Dépression».
Cette affirmation est trompeuse: le taux de chômage aux Etats-Unis a atteint un plus haut depuis les années 1930 en avril 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Quelques mois plus tard, à la fin du mandat de Donald Trump, il était revenu à 6,4%. Il était de 4,2% en août dernier, à quelques mois de la fin du mandat de Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris.
Sur le pouvoir d'achat
La candidate démocrate a aussi accusé son adversaire de vouloir mettre en place une taxe sur la vente de produits qui aurait un impact conséquent sur le pouvoir d'achat des Américains, ce que Donald Trump a nié. Il a toutefois reconnu qu'il imposerait des droits de douane de 10% au minimum à d'autres pays, ce qui, selon de nombreux économistes, reviendrait à augmenter les prix payés par les consommateurs.
Donald Trump a de son côté accusé l'administration Biden d'avoir ouvert la porte au plus haut taux d'inflation de l'histoire des Etats-Unis, affirmant que celui-ci avait atteint 21%, voire 60% pour certains produits. Cette affirmation est trompeuse. L'inflation a atteint un pic à 9,1% en 2022 après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, soit bien moins que le record de 23,7% atteint en 1920.
Sur la criminalité étrangère
Le candidat républicain a faussement affirmé que «des millions de personnes» affluaient aux Etats-Unis «depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d'aliénés» de l'étranger pour commettre des crimes. Il n'a aussi pas hésité à reprendre l'accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants mangent «des chats et des chiens» dans une ville de l'Ohio, affirmation démentie par les autorités et la police locales ces derniers jours.
Les crimes violents et contre les biens des personnes sont proches de leurs niveaux les plus bas depuis des décennies, selon les données du FBI de 2022, les plus récentes disponibles. Une étude publiée en juin 2023 a montré un déclin des taux d'incarcération parmi les immigrants, toutes nationalités confondues, depuis 1960. D'autres ont montré que les migrants commettent moins de crimes violents que les citoyens américains.
L'immigration illégale a été plus élevée au cours du mandat de Donald Trump qu'au cours des deux mandats de Barack Obama, qui l'a précédé à la Maison Blanche. Mais elle a bien atteint un pic historique plus tôt cette année sous la présidence de Joe Biden, avant de redescendre après la signature en juin d'un décret prévoyant la fermeture temporaire de la frontière avec le Mexique dès qu'une limite quotidienne est atteinte.
Kamala Harris a elle accusé Donald Trump d'avoir fait passer en premier les querelles politiciennes en bloquant en début d'année une proposition de loi qui aurait pu renforcer les moyens accordés à la sécurisation de la frontière sud des Etats-Unis.
Sur le débat
Sur l'avortement
Le candidat républicain, qui a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, permettant l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade de 1973 qui accordait aux Américaines un droit fédéral à l'avortement, a dénoncé la «radicalité» des démocrates sur la question. Il a notamment affirmé faussement que le colistier de Kamala Harris, Tim Walz, soutenait «l'exécution de bébés après leur naissance – bien exécution et plus avortement car le bébé est né».
Aucun Etat ne permet de tuer un enfant après sa naissance, l'infanticide étant bien entendu illégal aux Etats-Unis. Un modérateur du débat a d'ailleurs corrigé le candidat républicain après que celui-ci a persisté à affirmer cela. «Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement», a ajouté Kamala Harris, ajoutant que Donald Trump, s'il était élu, signerait une interdiction fédérale de l'avortement, ce que l'intéressé a immédiatement nié, affirmant que cette décision revenait aux Etats.