Pas d'antisèche, pas de public, pas de tréteaux sur lesquels Kamala Harris peut se tenir du haut de son 1,64 mètre pour être physiquement à la hauteur de son adversaire Donald Trump (1,90 mètre). Telles sont les règles de la soirée télévisée de mardi (heure locale) à Philadelphie, où Trump et Harris se rencontreront pour la toute première fois sous les projecteurs de la chaîne ABC.
Vous avez bien lu: le républicain et la démocrate ne se sont encore jamais serré la main. Reste à savoir si cela changera mardi. Lors du dernier débat entre Joe Biden et Donald Trump, il n'y avait pas eu de place pour la courtoisie. Mais Kamala Harris devrait avoir d'autres soucis que de tels détails. Elle risque de tomber dans un piège lors de son tout premier débat présidentiel (Trump en sera à son septième de son côté).
L'importance de l'échange est immense. Lors de cette seule confrontation directe entre Trump et Harris avant le jour de l'élection du 5 novembre, un raté majeur peut signifier l'échec politique. Joe Biden en sait quelque chose, lui qui a complètement raté sa prestation lors du débat de fin juin.
La course n'a jamais été aussi serrée depuis 1964
Depuis 1964, aucune course présidentielle américaine n'a été aussi serrée à ce stade de l'année électorale que l'épreuve de force entre Trump et Harris. Selon un sondage du «New York Time», le Républicain a un petit pourcent d'avant sur sa rivale dans les intentions de vote. Le même sondage constate que près d'un Américain sur trois dit en savoir encore trop peu sur la politique de Harris pour pouvoir se faire une idée de celle-ci.
Kamala Harris a jusqu'à présent parié sur le fait que le public américain serait de toute façon prêt à voter en bloc pour éviter un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Au-delà de quelques prises de position sur l'avortement et la protection des frontières, elle ne s'est jusqu'à présent pas engagée avec de réelles promesses. Même sur son site Internet, les électeurs ne peuvent pas se faire une idée concrète du programme de la Démocrate. Sur son site, on trouve seulement des appels aux dons.
Kamala Harris doit donc profiter du débat de mardi soir pour jouer enfin cartes sur table. Mais attention: les experts politiques invitent à la retenue. «Si j'étais son conseiller, je lui dirais: rien de concret!», explique le stratège de campagne suisse Louis Perron. Le maître romain de la rhétorique Cicéron savait déjà que l'on gagnait les débats avec des émotions plutôt qu'avec du contenu.
Le professionnel de la politique républicaine Mike Murphy rappelle dans son podcast «Hacks on Tap» que les propositions concrètes ne sont rien d'autre que des munitions pour le camp adverse. Trump saura utiliser cela contre elle.
Trump part avec un avantage
La démocrate est souvent vue comme une girouette sur les principaux thèmes politiques. Mais elle doit maintenant prendre des décisions: veut-elle être concrète mardi pour aller chercher le tiers de l'électorat qui veut en savoir plus sur ses idées? Ou restera-t-elle délibérément vague pour ne pas donner davantage de munitions à Trump?
C'est sur cette question que planche actuellement une équipe d'experts qui prépare Harris au débat à l'hôtel Omni William Penn de Pittsburgh. Le conseiller politique et imitateur de Trump Philippe Reines en fait partie, lui qui avait déjà préparé Hillary Clinton avant ses débats en 2016. Malheureusement sans succès.
De son côté, Trump ne mise pas non plus sur l'improvisation. Pour une fois, il s'entraîne assidûment pour le débat. Son entourage l'enjoint à ne pas se montrer trop agressif pour ne pas effrayer les électeurs indécis.
L'ancien président a ainsi déjà remporté une première victoire partielle: Il peut décider de quel côté de la scène il veut se tenir.