Les images choquent encore. C’est le dimanche de Pentecôte, il est midi. 15 personnes montent à bord de la télécabine 3. Les touristes entendent profiter de la vue panoramique depuis la montagne locale de Stresa, le Mottarone. Encore quelques mètres, et la cabine atteindra la station supérieure, mais le câble lâche, la nacelle bascule brusquement en arrière puis dévale la pente sans freiner, elle est éjectée du câble porteur et finit par s’écraser. 14 personnes meurent, un garçon de cinq ans survit, gravement blessé.
Dès le début de l’enquête qui suit le désastre, il apparaît que le système de freinage d’urgence a été délibérément désactivé et que la vie des passagers de la nacelle a été sciemment mise en danger. Le ministère public vise le responsable technique Gabriele T., l’ingénieur de maintenance Enrico P. et le directeur du téléphérique, Luigi N. (noms connus de la rédaction). Le trio n’a passé que trois jours en détention, la juge d’instruction Donatella Banci Buonamici ayant décidé de libérer les accusés. Suite au scandale qui a suivi cette décision, elle a été retirée de l’affaire.
Un deuxième crash pour clarifier la cause de l’accident
Le feuilleton juridique se poursuit cette semaine avec une demande saugrenue de la part de l’avocat d’Enrico P, Andrea Da Porta. Ce dernier exige en effet que la deuxième télécabine soit crashée dans les mêmes circonstances que le numéro 3, pour que l’événement soit pour ainsi dire répété à vide.
La reconstitution de l’accident devrait, selon l’avocat, exonérer ses clients. Andrea Da Port propose que l’expérience soit réalisée le huit juillet. Selon lui, son client aurait reconstitué les différentes interventions sur la nacelle au cours des derniers mois «et ne peut pas s’expliquer la rupture du câble de traction».
Une cérémonie à la mémoire des victimes s’est tenue le 23 juin 2021 à la station au sommet de la montagne en présence des équipes de secours, de la protection civile, des policiers et des citoyens, réunis pour se recueillir sur le lieu du drame et prier pour les victimes. La messe a été célébrée par Franco Giulio Brambilla, l’évêque de Novara.
La défense demande une procédure rapide
Par ailleurs, la défense a exigé dans une motion que la procédure d’établissement des preuves soit accélérée. La motion a été approuvée par le nouveau juge d’instruction, ce qui signifie que le ministère public a jusqu’au 8 juillet pour nommer toutes les personnes faisant l'objet d’une enquête et rassembler les preuves contre eux, au grand dam de la procureure Olimpia Bossi, qui aurait souhaité recueillir davantage de preuves et avoir du temps pour élargir le cercle des personnes potentiellement responsables de la catastrophe.