À peine 72 heures se sont écoulées depuis que Taleb A.*, un Saoudien de 50 ans, a commis l’impensable à Magdebourg. Lancé à pleine vitesse avec son SUV dans la foule du marché de Noël, il a semé la désolation. Le bilan est toujours de cinq morts dont un enfant et plus de 200 blessés. Quarante d'entre eux ont été gravement touchés. Une atmosphère lourde et sinistre s'est emparée des rues de la ville.
Un lieu immobile
Les barrières autour du marché de Noël ont été levées dimanche après-midi. Ce lundi, les habitants passent lentement devant les stands où, quelques jours plus tôt, les uns buvaient du vin chaud, tandis que les autres achetaient des souvenirs. Désormais, le silence règne, les lieux sont déserts. La présence policière reste visible. Des patrouilles arpentent le site en groupes. Les équipes de soutien psychologique sont également sur place, reconnaissables à leurs uniformes spécifiques. Ceux qui craquent peuvent leur demander de l’aide.
Le temps semble suspendu à Magdebourg. Les gens qui viennent en pèlerinage au marché de Noël sont là pour comprendre. Ils sont là pour faire leur deuil. Des traces de sang jonchent encore le sol ici et là, à quelques mètres des manèges pour enfants devenus immobiles. La statue du «Cavalier de Magdebourg» ressemble à un mémorial, tout comme la grande roue à l’arrêt. La scène, déchirante, pourrait émouvoir même les cœurs les plus endurcis.
«Je ne voyais plus que les projecteurs»
Devant l’hôpital universitaire de Magdebourg, Blick rencontre Conny, 50 ans, sa fille Anna, 25 ans, et son fils Karl, 6 ans. La famille n'est pas au complet. «Papa a été touché», dit Anna. Il est maintenant à l'hôpital avec plusieurs fractures. Avec son père Dirk et son frère Karl, ils étaient ensemble vendredi au marché de Noël de Magdebourg. «Je n'ai vu que les phares de la voiture. J'ai alors pu me mettre de côté avec mon frère. Papa a eu moins de chance», raconte Anna, qui étudie à Bruxelles et était en visite dans sa famille au pays.
La mère n'était pas présente ce soir-là. «J'ai enfilé une veste et je suis partie en courant», raconte Conny. «Et puis ils étaient là. À gauche et à droite. Là où cet idiot est passé», dit la mère d'une voix fragile avant de se se tourner vers sa fille: «J'espère que tu rentreras quand même à la maison pour Noël!»
«Un grand défi pour la ville»
Près de l'église Saint-Jean à Magdebourg, juste en face du marché de Noël, les fleurs s'amoncellent. Ce dimanche, des centaines de personnes étaient présentes sur place. Blick rencontre par hasard la maire Simone Borris. Elle semble fatiguée: «La situation est difficile à vivre pour moi aussi. C’est un grand défi pour la ville.» Elle explique que la municipalité souhaite offrir aux habitants des espaces pour continuer à exprimer leur deuil, tout en se tournant vers l’avenir pour imaginer un retour progressif à la normale.
«Je souhaite à toutes les victimes et à leurs proches un prompt rétablissement. Ce qui est arrivé à leur âme et à leur esprit prendra du temps à guérir», déclare Simone Borris. «J’espère qu’ils recevront tout le soutien nécessaire.»
*Nom connu