Des représailles sévères?
La Russie voulait «nous détruire» mais la guerre est «revenue chez elle»

Volodymyr Zelensky promet des représailles sévères à la Russie. Dans une vidéo adressée à ses compatriotes, le président ukrainien a loué l'incursion de ses troupes: Kiev «surprend une fois de plus».
Publié: 24.08.2024 à 16:54 heures
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky promet des représailles sévères à la Russie.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis samedi des «représailles» à la Russie pour son invasion de l'Ukraine et promulgué la loi interdisant l'Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou, jour où son pays célèbre son indépendance de l'Union soviétique. Moscou et Kiev ont également annoncé un échange de prisonniers de guerre impliquant 230 personnes – 115 pour chaque camp, grâce à une médiation des Emirats arabes unis.

Les forces ukrainiennes ont porté le 6 août les combats sur le sol de leur adversaire en lançant une offensive d'une ampleur sans précédent dans la région russe frontalière de Koursk. Elles s'y sont emparées de dizaines de localités, tandis que les troupes russes continuent d'avancer dans le Donbass, l'est ukrainien.

La guerre est de retour en Russie

La Russie voulait «nous détruire» mais la guerre est «revenue chez elle», a déclaré Volodymyr Zelensky à ses compatriotes dans une vidéo enregistrée dans une zone forestière de la région frontalière de Soumy, d'où Kiev a lancé son offensive surprise en Russie. Kiev «surprend une fois de plus», a affirmé Volodymyr Zelenky, promettant que la Russie «va savoir ce que sont des représailles».

En Russie, le président Vladimir Poutine s'est entretenu avec le chef d'état-major Valéri Guérassimov. Selon le Kremlin, ils ont discuté de «la lutte contre les forces ennemies qui envahissent la région de Koursk et des mesures prises pour les détruire». Ces termes tranchent avec les déclarations précédentes qui tendaient à minimiser l'opération ukrainienne.

Echange de prisonniers

Malgré ces déclarations guerrières, la Russie et l'Ukraine ont annoncé un nouvel échange de prisonniers impliquant 230 personnes, dont des soldats qui avaient été capturés lors de l'offensive surprise de Koursk. Selon le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, 82 des 115 personnes récupérées par Kiev sont des soldats ayant participé à la défense de l'usine Azovstal lors du siège de Marioupol en 2022, important fait d'arme en Ukraine.

L'Ukraine avait assuré avoir fait prisonnier «des centaines» de soldats russes, dont des conscrits et des gardes-frontières, lors de son opération sur le sol russe, tandis que des milliers de militaires ukrainiens sont toujours détenus par la Russie. Comme lors des précédents échanges, celui de samedi a eu lieu grâce à l'entremise des Emirats arabes unis, qui se sont félicités d'être «un médiateur fiable» et ont appelé à la «désescalade» comme «seul moyen de résoudre le conflit».

Fin de l'Eglise orthodoxe de Moscou

Volodymyr Zelensky a pris part samedi aux célébrations officielles de l'indépendance sur la place Sainte-Sophie à Kiev, aux côtés du président polonais Andrzej Duda et de la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte, deux soutiens majeurs de son pays. Il a affirmé à cette occasion que les forces ukrainiennes avaient testé avec succès un nouveau «drone missile», le «Palianytsia», «beaucoup plus rapide et plus puissant» que les drones dont elles disposent actuellement.

Volodymyr Zelensky a également promulgué la loi interdisant la branche de l'Église orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui fut longtemps la principale confession du pays. Cette branche a coupé les ponts avec Moscou en 2022 mais les autorités ukrainiennes la considèrent toujours comme étant sous influence russe et ont multiplié les poursuites judiciaires à son encontre, provoquant l'emprisonnement de dizaines de prêtres.

Si cette Eglise est en perte d'influence face à la nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante fondée en 2018, elle conserve toujours des milliers de paroisses à travers le pays. «Les orthodoxes ukrainiens font aujourd'hui un pas pour se libérer des démons de Moscou», a assuré Volodymyr Zelensky.

L'épicentre toujours au Donbass

Si l'offensive militaire ukrainienne déclenchée le 6 août dans la région russe de Koursk reçoit beaucoup d'attention, car elle porte les hostilités sur le sol de l'assaillant, l'épicentre des combats demeure dans la région industrielle ukrainienne du Donbass (Est), où l'armée russe a l'avantage.

Les forces russes s'approchent notamment de Pokrovsk, important noeud logistique et ville de quelque 53'000 habitants appelés par les autorités à évacuer d'urgence. Elles se trouvaient vendredi à moins de dix kilomètres de cette agglomération. Dans une autre ville d'importance de cette région, Kostyantynivka, cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées samedi dans une frappe russe sur des zones résidentielles, selon le Parquet ukrainien. Kiev a également affirmé avoir frappé un dépôt de munitions dans la région de Voronej, dans l'ouest de la Russie. Les autorités russes locales ont rapporté des frappes de drones et l'évacuation d'un village.

Les autorités ukrainiennes ont affirmé que leur offensive en Russie visait à créer une «zone tampon» contre les bombardements, à forcer Moscou à des négociations «équitables» et à pousser l'armée russe à redéployer des forces depuis d'autres parties du front. Cette offensive ukrainienne ne semble toutefois pas avoir ralenti la progression russe dans l'est de l'Ukraine, où les forces de Moscou se sont emparées cette semaine de plusieurs villages.

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