Des Nord-Coréens ont combattu durant plusieurs mois aux côtés de la Russie dans leur guerre contre l'Ukraine. Le dirigeant Kim Jong Un a envoyé ses hommes sur le front en échange d'aide et de livraisons militaires. Mais il ne serait peut-être pas le seul.
Mardi, Volodymyr Zelensky a annoncé avoir arrêté deux Chinois portant l'uniforme russe. Ces soldats sont-ils de simples volontaires ou ont-ils été officiellement envoyés par la Chine en Ukraine?
Le président ukrainien indique avoir trouvé par la suite des documents, des cartes bancaires et d'autres données personnelles appartenant aux hommes capturés. Mais Zelensky pense que ce n'est que la pointe de l'iceberg: il soupçonne une alliance entre Pékin et Moscou et pense qu'en réalité, «beaucoup plus de Chinois» seraient au service de la Russie. Le «Wall Street Journal», qui s'appuie sur les informations des services secrets ukrainiens, estime qu'au moins 150 Chinois seraient dans la même situation.
Des soldats envoyés par Pékin?
«Je pense qu'il s'agit de mercenaires chinois», estime de son côté Marcel Berni, expert militaire à l'EPFZ. Selon lui, il n'y a aucune preuve qui montrerait que Pékin envoie des soldats en Russie à grande échelle. «Il y a toujours eu ce genre de rumeurs, mais je n'ai pas connaissance d'indices qui confirmeraient un envoi officiel.»
«S'il s'agit de mercenaires, cela resterait embarrassant pour la Chine, mais justifiable en tant qu'action de personnes privées.» Selon lui, il est connu que Moscou attire des personnes étrangères dans ses rangs avec de fausses promesses.
3000 euros en échange d'un passeport
Les déclarations de l'un des soldats capturés semblent également aller dans ce sens. Il aurait raconté avoir payé l'équivalent de plus de 3000 euros pour rejoindre les rangs militaires russes. Sa motivation? La possibilité d'obtenir un passeport russe.
«Les prisonniers doivent être traités et soignés comme des prisonniers de guerre. Ce n'est que si un tribunal militaire ukrainien leur retire ce statut sur la base de preuves qu'ils doivent être considérés comme des prisonniers civils», poursuit l'expert.
Des accusations «infondées»
La Chine se revendique comme partie neutre dans la guerre en Ukraine. Toutefois, depuis le début de l'offensive russe lancée en février 2022, Pékin a considérablement renforcé sa coopération politique, militaire et économique avec Moscou. Mais envoyer officiellement des renforts en Russie contrecarrerait le récit chinois affirme Marcel Berni. La Chine a balayé les accusations, considérant qu'elles sont «sans fondement».
Des vidéos censées montrer des soldats chinois en Ukraine circulent sur les médias sociaux. Une vidéo dont l'authenticité n'a pas pu être vérifiée aurait été enregistrée à Pokrovsk, en Russie. Elle montre des caractères chinois figurant sur un bâtiment détruit. On ne sait pas ce qui se cache réellement derrière ces images.
S'agit-il de travailleurs migrants?
Une enquête approfondie menée par «Le Monde» a révélé l'existence de comptes de Chinois sur les réseaux sociaux, qui assurent avoir rejoint les forces armées russes.
Par ailleurs, l'institut d'études de la guerre à Washington pense que de nombreux Chinois viennent en Russie en tant que travailleurs migrants. Un rapport évoque aussi le cas de l'Inde en 2024. A l'époque, les autorités indiennes avaient découvert un réseau de trafic d'êtres humains qui attirait les Indiens en Russie, en brandissant des fausses promesses.