Le président sortant Daniel Noboa devançait sa rivale de gauche Luisa Gonzalez au second tour de l'élection présidentielle en Equateur dimanche, selon des résultats préliminaires, les électeurs semblant soutenir sa fermeté face à la violence alimentée par les cartels. Selon un dépouillement partiel portant sur 45% des voix, diffusé par l'autorité électorale, Daniel Noboa obtient 57%, contre 43% pour son opposante héritière du corréisme. Cette dernière a refusé de reconnaitre sa défaite, exigeant un «recomptage des voix».
Plus tôt dans la matinée, les électeurs affluaient vers les bureaux de vote, gardés par militaires et policiers, pour un scrutin qui s'annonçait très disputé. «Lors de cette élection (...) soit nous nous libérons soit nous sombrons», estimait Elena Betancourt, une retraitée de 73 ans, interrogée par l'AFP à Quito. Le scrutin, qui a débuté à 7h locales (14h en Suisse) pour les 13,7 millions d'électeurs concernés par le vote obligatoire, a pris fin à 17h locales (minuit en Suisse).
Luisa Gonzalez, avocate de 47 ans et dauphine de l'ancien dirigeant socialiste Rafael Correa (2007-2017), figure clivante en Equateur, aspire à devenir la première femme à diriger le pays. Daniel Noboa, entrepreneur millionnaire de 37 ans, espère gouverner quatre ans de plus, après avoir gagné par surprise les élections anticipées d'octobre 2023 convoquées par son prédécesseur Guillermo Lasso.
Premier tour sous tension
Après un premier tour où moins de 17'000 voix séparaient les deux candidats, Daniel Noboa avait immédiatement dénoncé de «nombreuses irrégularités», des soupçons rejetés par les observateurs internationaux présents sur place. Luisa Gonzalez a pour sa part accusé le gouvernement «d'actions désespérées» visant à manipuler les procès-verbaux de l'élection.
«Nous devons rejeter fermement le discours sur la fraude, les accusations sans preuve non seulement nuisent à cette institution, mais minent également la confiance envers la démocratie elle-même», a averti dimanche la présidente du Conseil national électoral, Diana Atamaintl.
Si le résultat est serré, celui qui l'emportera aura des problèmes de «légitimité» et de gouvernabilité avec «la moitié du pays contre lui», souligne le politologue Simon Pachano. Dans la station balnéaire d'Olon, sur la côte pacifique, un imposant déploiement des forces de l'ordre a accueilli Daniel Noboa.
Bataille d'image
A la sortie du bureau de vote, installé dans une école, pas un mot pour la presse, pas une poignée de main pour les sympathisants. Juste un sourire et un bras levé avant de remonter dans son véhicule, toujours sous haute protection. Héritier d'un magnat de la banane, Daniel Noboa incarne l'élite politique équatorienne issue du monde de l'entreprise, promeut les concessions privées dans des secteurs stratégiques et des accords de libre-échange.
Luisa Gonzalez vante des dépenses accrues dans les infrastructures et services publics dans un pays en récession, endetté, frappé par la pauvreté. Daniel Noboa exploite sur les réseaux sociaux son image de jeune dirigeant tenant d'une ligne dure en matière de sécurité, marquée par l'envoi de militaires dans les rues et dans les prisons, une politique sécuritaire dénoncée par des organisations de défense des droits humains.
Luisa Gonzalez promet également la sécurité, mais un plus grand respect des droits humains. Elle s'affiche comme une femme simple, mère célibataire qui s'est faite toute seule, une sportive amatrice de tatouages.