Déluge de bombes
Zelensky accuse la Russie de «génocide» dans le Donbass

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de pratiquer un «génocide» dans le Donbass, dans l'est du pays, où la ville de Severodonetsk subissait un déluge de bombes. Les forces russes ont également bombardé Kharkiv, la deuxième ville du pays.
Publié: 27.05.2022 à 06:49 heures
De la fumée s'élève sur Severodonetsk, les combats dans l'est à un niveau «d'intensité maximale».
Photo: Carlos REYES

«L’actuelle offensive des occupants dans le Donbass pourrait rendre la région inhabitée», a affirmé Volodymyr Zelensky dans son adresse télévisée dans la nuit de jeudi à vendredi, accusant les envahisseurs de chercher à «réduire en cendres» Severodonetsk et d’autres villes de la région. Les forces russes pratiquent la «déportation» et «les tueries de masse de civils» dans le Donbass, a poursuivi le président ukrainien, dénonçant «une politique évidente de génocide menée par la Russie».

Les accusations de Volodymyr Zelensky font écho à celles de Moscou, qui a justifié son invasion par un prétendu «génocide» pratiqué par les Ukrainiens contre la population russophone dans le Donbass.

En avril, le Parlement ukrainien avait déjà adopté une résolution qualifiant de «génocide» les agissements de l’armée russe, et avait exhorté tous les pays étrangers et organisations internationales à faire de même. Le président américain Joe Biden a lui-même employé cette expression, tandis que son homologue français Emmanuel Macron s’y refuse.

Tentative d’encerclement

Après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, l’armée russe a recentré ses efforts sur la conquête complète du Donbass, bassin industriel déjà partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014. Appuyée par un déluge de bombes, l’armée russe menace Severodonetsk, qui pourrait connaître le même sort que Marioupol, grand port du sud-est en majeure partie détruit après des semaines de siège.

L’armée russe tente d’encercler la ville et celle voisine de Lyssytchansk, a indiqué à Washington un haut-responsable du Pentagone. «Nous pensons que les forces russes ont pu s’emparer de la majeure partie du nord-est de Severodonetsk, même si des combats sont toujours en cours», a-t-il déclaré.

Selon le chef de l’administration civile et militaire de Severodonetsk, Alexander Stryuk, entre 12’000 et 13’000 personnes se trouvent toujours dans la ville, qui comptait 100’000 habitants avant la guerre. «Soixante pour cent du parc de logements de Severodonetsk a été détruit, 85-90% des bâtiments de la ville ont été endommagés et nécessiteront une restauration majeure», a-t-il dit, cité par les médias ukrainiens.

Bombardements à Kharkiv

Les sirènes d’alerte aérienne ont à nouveau retenti vendredi à l’aube à Kharviv, où des bombardements la veille ont fait 9 morts et 19 blessés, tous des civils selon Volodymyr Zelensky. Un bébé de cinq mois et son père ont notamment été tués, tandis que la mère a été grièvement blessée, a indiqué le président ukrainien. Des missiles ont touché le secteur résidentiel du quartier de Pavlové Polé, au centre-nord de la ville, selon un journaliste de l’AFP sur place. Il a vu un jeune homme tué et quatre blessés, tous transportés à l’hôpital, dont un homme plus âgé avec une jambe et un bras arrachés.

Les forces russes avaient cessé mi-mai son offensive sur Kharkiv pour concentrer plus de troupes à l’est et au sud de l’Ukraine, et la ville entamait ces derniers jours un difficile retour à la normale, rouvrant notamment la circulation du métro. Les forces russes gardent des positions à l’est de Kharkiv. Les Ukrainiens ont creusé de nouvelles tranchées autour de la ville et installé blocs de béton, sacs de sable et points de contrôle routiers, en vue d’un possible nouvel assaut.

La Russie, qui selon des analystes veut consolider ses gains territoriaux dans l’est et le sud de l’Ukraine avant toute solution négociée, a rejeté avec dédain jeudi un plan de paix italien. Celui-ci prévoyait, sous garantie de l’ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes, l’entrée de l’Ukraine dans l’UE mais pas dans l’Otan, et un statut d’autonomie pour le Donbass et la Crimée qui resteraient sous la souveraineté ukrainienne.

«Pont ferroviaire»

Alors que l’Ukraine est actuellement incapable d’exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, le président Vladimir Poutine s’est dit prêt à aider à «surmonter la crise alimentaire» que cela entraîne, à condition que cela soit précédé d’une levée des sanctions contre Moscou. Afin de tenter de contourner le blocus, l’Allemagne a mis sur pied un «pont ferroviaire» avec l’Ukraine pour aider Kiev à exporter ses céréales, a indiqué le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli.

Sur le front sud, la Russie s’affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois. Elle a ainsi annoncé qu’elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via «une procédure simplifiée». L’Ukraine a dénoncé un octroi «forcé» de la nationalité russe démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires.

Et à Marioupol, un responsable de la mairie a annoncé jeudi que les enfants allaient, en lieu et place des vacances d’été, suivre un programme de «dé-ukrainisation» et de préparation au programme russe, avec notamment des cours de langue, de littérature et d’histoire.

(AFP)

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