Le président Joe Biden a aussitôt salué le verdict, tout en reconnaissant que «beaucoup de travail» restait à faire avant de parvenir à l'égalité.
Travis McMichael, 35 ans et auteur des coups de feu mortels, son père Gregory, 65 ans, et leur voisin William Bryan, 52 ans et qui a participé à la poursuite, étaient jugés à Brunswick, dans cet Etat du sud des Etats-Unis, à la suite de ce drame qui avait alimenté les grandes manifestations antiracistes de l'été 2020 dans tout le pays.
Les douze jurés, dont un seul homme noir, ont délibéré pendant plus de onze heures pour parvenir à ce verdict unanime.
L'annonce a été saluée par des manifestants qui ont scandé le nom d'Ahmaud Arbery à l'extérieur du tribunal. Dans la salle, un membre de la famille a lancé un cri de joie quand Travis McMichael a été déclaré coupable.
Ce verdict montre que «oui, les vies noires comptent», a lancé le pasteur Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains, devant le tribunal.
La grande organisation de défense des droits civiques ACLU a salué le jugement, soulignant dans un communiqué que le vrai défi était de créer une société où les Blancs et les Afro-Américains comme Ahmaud Arbery pourraient vivre sans avoir peur de la violence raciste.
Une vidéo du drame a scandalisé l'Amérique
Le 23 février 2020, le jeune homme de 25 ans faisait un jogging dans la localité côtière du sud-est des Etats-Unis quand il avait été pris en chasse par les trois hommes à bord de leurs voitures. Après une altercation, Travis McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur.
Les trois accusés avaient ensuite assuré l'avoir pris pour un cambrioleur opérant dans les environs et avaient invoqué une loi de Géorgie autorisant alors de simples citoyens à procéder à des arrestations.
Une vidéo du drame, rendue publique près de trois mois plus tard, avait scandalisé les Etats-Unis et Ahmaud Arbery était devenu une icône du mouvement antiraciste Black Lives Matter (les vies noires comptent).
La dimension raciale de cette affaire, dans un Etat encore marqué par le racisme et la ségrégation, a longtemps été laissée de côté pendant le procès qui a duré plus d'un mois. Les observateurs s'inquiétaient des possibles manifestations de colère si les trois hommes étaient acquittés.
Les McMichael et leur voisin ont pris «sur un coup de tête» la décision de pourchasser Ahmaud Arbery «parce qu'il était noir et qu'il courait dans la rue», avait déclaré la procureure Linda Dunikoski dans son réquisitoire.
«Ils lui ont fait peur» en le poursuivant alors que le jeune homme n'avait pas d'arme et n'a rien fait d'autre «que courir pour s'échapper pendant cinq minutes», avait-elle dit. C'était une «attaque sur Ahmaud Arbery».
L'avocat de Travis McMichael avait au contraire assuré que son client ne cherchait pas à «prendre la vie de quelqu'un», mais qu'il avait agi au nom du «sens du devoir et des responsabilités».
Les trois hommes n'en ont pas fini avec la justice. Ils sont inculpés pour crime raciste au niveau fédéral et seront jugés une nouvelle fois en février.
(ATS)