En fin de journée, l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok, autrefois l'un des plus fréquentés au monde, avait accueilli 1500 touristes étrangers, d'après son directeur Kittipong Kittikachorn. Il en attend quelque 70'000 sur l'ensemble de novembre, une goutte d'eau.
La pandémie de coronavirus a frappé de plein fouet le royaume, qui dépend beaucoup du tourisme et a enregistré l'an dernier sa pire performance économique depuis la crise financière asiatique de 1997.
Pour remédier à cela, le gouvernement dispense désormais de quarantaine les voyageurs en provenance de plus de 60 pays, dont la Suisse.
Ils doivent être vaccinés, fournir un test Covid négatif effectué dans le pays d'origine, en faire un second dans les 24 heures qui suivent leur arrivée, et séjourner une nuit à l'hôtel.
André Winkler, un Allemand de 55 ans, avait l'habitude de passer six mois de l'année en Thaïlande pendant l'hiver et n'était pas revenu depuis le début de la crise.
«Je suis ravi de retrouver le pays, les Thaïlandais, la nourriture», sourit-il après avoir franchi l'immigration à Suvarnabhumi.
L'aéroport international de Phuketa aussi accueilli quelques touristes
«Nous allons jouer au golf, nous relaxer», dit Lin Hurley, venu des Pays-Bas avec sa femme. La perle de la mer d'Andaman, qui avait reçu plus de 9 millions de visiteurs en 2019, est sinistrée. Dans le célèbre quartier chaud de Patong, les go go bars sont vides et, quelques kilomètres plus au nord, la plage reste quasi-déserte.
«C'est tellement triste de voir que tout est fermé», soupire Yoav Gannod venu d'Australie avec sa femme.
Quand les groupes de touristes affluaient sur les plages, Dit gagnait jusqu'à 150 dollars par jour en louant des chaises longues et en vendant des jus de fruits.
Fermé plusieurs mois, son petit commerce vient de rouvrir mais ne génère plus que 30 dollars.
«Nous avons dû utiliser nos économies, cultiver des légumes, pêcher des poissons pour survivre».
«On ne s'attend pas à ce que toutes les chaises longues soient remplies tout de suite», relève-t-il, mais cela sera mieux qu'avec le plan «bac à sable».
Ce programme pilote avait permis à Phuket de rouvrir dès juillet aux touristes vaccinés à la condition de rester sur l'île deux semaines avant de pouvoir se rendre ailleurs en Thaïlande.
Mais il a attiré moins de 60'000 visiteurs en quatre mois
«La chose la plus importante à laquelle le gouvernement et moi-même pensons en ce moment est de faire en sorte que les moyens de subsistance des gens reviennent à la normale», a déclaré vendredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha.
Le tourisme représente près d'un cinquième de l'économie et l'impact de la pandémie s'est répercuté sur divers secteurs, de la restauration aux transports.
Le retour des voyageurs sera très progressif: les autorités tablent sur 10 à 15 millions de visiteurs l'année prochaine, bien loin du record de près de 40 millions de 2019.
Les recettes attendues pour 2022 sont d'environ 30 milliards de dollars. «En 2023, nous pensons qu'elles seront proches du chiffre de 2019», a déclaré le ministre du Tourisme Pipat Ratchakitprakarn.
Mais les professionnels sont moins optimistes: les touristes chinois, principal marché pour la Thaïlande, sont toujours soumis à une quarantaine stricte à leur retour chez eux et ne devraient pas revenir avant longtemps.
De plus, le royaume enregistre encore environ 10'000 cas de Covid par jour et seuls 40% de la population a reçu deux doses vaccin. A Bangkok, ce taux est de 80%.
Près de Phuket, sur l'archipel de Koh Phi Phi, rendu célèbre par le film «La plage», certains craignent le retour du tourisme de masse et ses excès.
«Avant, les touristes les moins fortunés venaient ici et tout ce qu'ils voulaient, c'était du sexe, de la drogue et de l'alcool», raconte Roger Andreu, employé dans un magasin de plongée.
«Nous devons gagner de l'argent, mais plus de cette façon là».
(ATS)