C'est une campagne unique au monde par son ampleur qui a commencé dimanche au Mexique. Le pays prépare en effet la première élection au suffrage universel des juges et des magistrats au nom de la réforme d'un pouvoir judiciaire largement décrié.
Le 1er juin, près de 100 millions d'électeurs seront appelés à désigner 881 juges et magistrats fédéraux et 1749 au niveau local, en vertu d'une réforme constitutionnelle du pouvoir de gauche en place, qui a suscité des critiques jusqu'aux Etats-Unis. «A partir d'aujourd'hui (dimanche) et jusqu'au 28 mai, c'est le moment des campagnes pour les candidatures au Pouvoir judiciaire», selon un message de l'Institut national électoral (INE) sur les réseaux sociaux.
Au total 3422 candidats sont en course pour les responsabilités fédérales dont les neuf sièges à la Cour suprême (contre onze actuellement). Les candidats sont obligés de ne pas dépasser un plafond de dépenses (entre 10'800 et 72'000 dollars).
Une campagne sans médias ni réunions
Ils feront principalement campagne sur les réseaux sociaux, n'ayant accès ni à la publicité, ni aux médias. Autre différence avec les campagnes politiques traditionnelles: ils ne pourront pas organiser de réunion publique.
En Bolivie, les hauts magistrats sont également élus par un vote populaire, mais pas les juges ordinaires, qui sont désignés par un conseil de la magistrature. L'ex-président Andres Manuel Lopez Obrador, qui a installé la gauche au pouvoir en 2018, a promulgué en septembre la réforme au nom de la lutte contre la «corruption» au sein du pouvoir judiciaire, et de l'établissement «d'un véritable Etat de droit».
Une méthode décriée
L'élection des juges menace l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs, selon la Cour suprême actuelle et les Etats-Unis, qui se sont inquiétés pour la sécurité juridique de leurs investissements privés au Mexique. Du même parti que son prédécesseur, l'actuelle présidente Claudia Sheinbaum a été élu avec près de 60% des voix lors de l'élection à un tour de juin dernier.
La politique de l'ex-maire de Mexico est approuvée par près de 85% de la population, d'après les sondages. Son Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche) et ses alliés disposent d'une vaste majorité au Parlement et dans 24 des 32 Etats mexicains.